Condamné à mort en Mauritanie en 2012 pour un crime qu’il a toujours nié, notre compatriote Yaya Cissé a passé au moins douze années dans ce que ses défenseurs appellent «les couloirs de l’injustice». Selon eux, entre procédures viciées, aveux contestés et un procès inéquitable, son affaire incarne l’archétype de l’erreur judiciaire. Transféré au Mali, aura-t-il droit à un autre procès plus équitable comme l’espèrent ses partisans ?
«Je me réjouis profondément du retour au pays de notre compatriote Yaya Cissé, transféré au Mali après plus de dix ans de détention en Mauritanie. Je salue l’engagement des plus hautes autorités du Mali, ainsi que la coopération entre notre pays et la République islamique de Mauritanie. Cette avancée témoigne de l’attachement indéfectible du Mali à la protection de ses citoyens, où qu’ils se trouvent dans le monde». Telle a été la réaction de Mossa Ag Attaher, ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, après le transfert de notre compatriote Yaya Cissé au bercail.

Transféré de la Mauritanie, Yaya Cissé va purger sa peine dans son pays, le Mali
Après plus de dix ans de détention en Mauritanie, Yaya Cissé a en effet été enfin transféré au Mali grâce à l’engagement de hautes autorités maliennes, fréquemment interpellées sur sa situation. Condamné à la peine de mort et détenu depuis le 30 mars 2012 en Mauritanie, notre compatriote malien a été transféré au bercail pour purger sa peine à la demande des autorités maliennes. Et cela à la suite d’un accord de coopération judiciaire entre les deux pays, après plus de treize années de détention. Pour des observateurs, «ce retour symbolise une avancée majeure pour la justice et la défense des droits des citoyens maliens à l’étranger».
Dans un communiqué publié le 17 avril 2025, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, a salué la coopération entre le Mali et la Mauritanie ainsi que le soutien de tous les Maliens mobilisés. Le ministre s’est notamment réjoui du «leadership remarquable» du président de la Transition qui a permis «l’aboutissement de ce dossier». Il a aussi mis l’accent sur «les efforts inlassables déployés au quotidien en vue de renforcer la coopération entre notre pays et la République islamique de Mauritanie».
Pour des observateurs, le retour de Yaya Cissé est un succès diplomatique et judiciaire retentissant pour le Mali. Il est le fruit d’une coopération active entre Bamako et Nouakchott et Bamako sous l’impulsion du président de la Transition, Général d’Armée Assimi Goïta. «Cette action s’inscrit pleinement dans la ligne de nos engagements: protéger et défendre les droits des citoyens maliens où qu’ils se trouvent. Le cas de Yaya Cissé, bien qu’emblématique, n’est pas isolé. Mon département demeure pleinement engagé à poursuivre ce travail avec rigueur et détermination», a souligné Mossa Ag Attaher, ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine. Il a rappelé que le chef d’État ne ménage aucun effort pour garantir le respect des droits fondamentaux des ressortissants maliens où qu’ils se trouvent.

Le Ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher, a reçu les proches de Yaya Cissé pour leur exprimer le soutien de l’Etat
Un tournant décisif dans la coopération judiciaire entre Bamako et Nouakchott
Ce transfert, pour de nombreux observateurs, est un geste fort marquant un tournant non seulement dans la gestion des dossiers de détenus à l’étranger, mais aussi dans la coopération judiciaire entre le Mali et la Mauritanie. Il a été salué par la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) et les organisations de la société civile. La CNDH a salué les efforts inlassables consentis par les plus hautes autorités, résultant des actions multiples entreprises par la CNDH depuis 2019 dans le cadre de ce dossier. Elle a remercié les autorités maliennes et mauritaniennes ainsi que la Commission nationale des droits de l’Homme de la Mauritanie pour leur «contribution décisive à la résolution de cette situation» affectant nos deux pays.
Dans le communiqué publié le 17 avril 2025, le ministre de la Justice n’a pas manqué de remercier les organisations des Maliens établis à l’extérieur, les organisations de défense des Droits de l’Homme, ainsi que tous les Maliens qui se sont mobilisés pour apporter leur soutien à M. Yaya Cissé. De son arrestation à son transfert au Mali, ce dernier a toujours bénéficié du soutien indéfectible de ces compatriotes réunis au sein d’un collectif de soutien. Un élan de solidarité qui s’est manifesté aussi bien au bercail qu’au sein de la diaspora. En plus des organisations de défense des droits humains, le Malien lambda a fréquemment interpellé les différents régimes sur la situation de M. Cissé en dénonçant les conditions de son arrestation, de son procès et de sa détention.
Ses défenseurs ont continuellement dénoncé «des procédures viciées, des aveux contestés et un procès inéquitable» faisant de son affaire «l’archétype de l’erreur judiciaire». Ce qui fait que le transfert à Bamako lui assure aujourd’hui non seulement des conditions humaines de détention, mais suscite surtout l’espoir d’une possible reprise de son procès. Mais, cela dépend de l’accord que le Mali a eu avec la Mauritanie pour faciliter ce transfert au bercail. La question a été en tout cas abordée lors de l’audience accordée le 22 avril 2025 par le ministre Mossa Ag Attaher à la famille de Yaya Cissé. C’était en présence des responsables du Collectif qui le soutient.

Le Ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher, avec les proches de Yaya Cissé pour leur exprimer le soutien de l’Etat
«La rencontre s’est tenue en présence des membres de sa famille et des représentants du collectif de soutien à Yaya Cissé. Ils sont venus exprimer leur profonde gratitude à l’endroit des plus hautes autorités de la Transition pour les multiples démarches entreprises en vue de ce transfèrement», a indiqué le ministre des Maliens de l’extérieur sur les réseaux sociaux. «La délégation a salué le processus ayant conduit à ce résultat, fruit d’une coopération diplomatique et judiciaire entre le Mali et la Mauritanie. La famille de Yaya Cissé a exprimé sa reconnaissance envers les autorités mauritaniennes pour leur coopération, ainsi qu’envers toutes les personnes qui ont contribué, de près ou de loin, à cette avancée», a-t-il ajouté.
«En réponse aux préoccupations exprimées par la famille, j’ai rassuré que les démarches nécessaires seront entreprises dans les meilleurs délais afin de permettre les visites souhaitées. Toutefois, j’ai insisté sur le fait que tout se fera dans le strict respect des procédures judiciaires en vigueur», a déclaré Mossa Ag Attaher.
Naby