A peine revenu à la Maison-Blanche, pour la seconde et dernière fois de sa carrière politique, Donald Trump s’est illustré par une «cascade de décrets» signés le 20 janvier 2025. Si l’une de ces décisions qui provoque déjà «une onde de choc aux effets dévastateurs» dans le monde, c’est sans doute celle qui a ordonné la suspension de tous les programmes d’aide étrangère des Etats-Unis pour une durée de 90 jours. Et cela, à l’exception de l’aide alimentaire d’urgence ainsi que de l’assistance militaire à destination d’Israël et d’Égypte. Le montant total de l’aide en 2023 s’était élevé à 64,7 milliards de dollars.
Jugée «radicale» voire «controversée», l’administration Trump justifie cette mesure par la nécessité de réexaminer les programmes actuels, de mettre au pas des personnels selon des critères idéologiques ainsi que de réduire de façon drastique les dépenses publiques. Le décret impose une «pause de 90 jours» durant laquelle «l’efficacité des programmes et leur cohérence avec la politique étrangère des États-Unis» seront examinées. À l’issue de cette période, les programmes pourraient être repris ou abandonnés selon les conclusions (si ce n’est selon leur bon vouloir) du Secrétaire d’État et du Directeur du bureau de la gestion et du budget. Le nouveau secrétaire d’État, Marco Rubio, a défini les priorités de l’administration Trump : chaque programme financé devra répondre à l’une des trois questions suivantes : «Est-ce que cela rend l’Amérique plus sûre ? Plus forte ? Ou plus prospère» ? Axée sur le slogan «L’Amérique d’abord», cette approche reflète une volonté de recentrer les efforts sur les intérêts nationaux.

La suspension de l’aide américain risque d’impacter beaucoup de programmes au Mali, notamment dans le domaine de la Santé, de l’Education…
Depuis son entrée en vigueur, ont constaté des observateurs, «le décret présidentiel sème le chaos et la panique dans le monde entier, en particulier dans les pays les plus fragiles, largement dépendants de l’assistance des Etats-Unis, mais aussi parmi les personnels américains employés dans de nombreuses missions, menacés de licenciement». Elle fait particulièrement grincer les dents au Mali où les Etats-Unis, à travers notamment l’USAID, financent de nombreux programmes vitaux dans les secteurs comme l’éducation, la santé, l’hygiène et l’assainissement, la nutrition…
«Cette décision, si elle devait durer, aura des conséquences dramatiques. Je demande à nos autorités de travailler rapidement à anticiper les impacts et à les évaluer», a réagi l’ancien Premier ministre Moussa Mara à l’annonce de cette décision. Il a également proposé que les ressources financières supplémentaires issues des réformes minières soient réservées pour atténuer l’impact socioéconomique de telles mesures. Pour le jeune leader politique, la décision de Donald Trump pourrait annoncer une réduction du multilatéralisme et de la solidarité internationale. Il a ainsi averti les pays africains de se préparer à cette éventualité en réduisant le train de vie de l’État et en créant des marges budgétaires pour faire face aux crises.

Le 27 janvier 2025, l’ambassadrice des États-Unis d’Amérique, Rachna Korhonen l’Ambassade et ses employés ainsi que leurs partenaires ont initié une opération de don de sang illustrant leur engagement en faveur de la santé et du bien-être de tous au Mali
Pour le Mali, soulignent des experts, «le défi sera de trouver des alternatives et de renforcer l’autonomie de l’économie locale face à cette politique américaine plus restrictive». En 2023, selon le magazine Jeune Afrique, le continent africain représentait un quart de l’aide américaine avec un montant total de 17,4 milliards de dollars. En moyenne, chaque pays bénéficiait de 300 millions de dollars pour financer des projets essentiels dans les domaines de la santé, de l’éducation et de l’accès à l’eau. Cette suspension risque d’aggraver la situation pour des millions de personnes dépendantes de cette aide.
Moussa Bolly
source: diasporaAction