Le 27 août 2024, le Pape François a fermement condamné le traitement réservé aux migrants traversant la mer Méditerranée pour entrer en Europe. Sa Sainteté a indiqué que le refus d’aider les migrants était un «grand péché». Certes le Pape n’a nommé aucun pays, mais ses propos peuvent être interprétés comme une référence à l’actualité, notamment en Europe et au Mexique.

Pour le Pape François, c’est un grave péché de rejeter les migrants dans son pays
«Il y a ceux qui travaillent systématiquement et par tous les moyens pour empêcher l’accueil des migrants. Et quand cela est fait consciemment et de manière responsable, alors c’est un grand péché», a déclaré le Pape François lors d’une audience à Saint-Pierre le 27 août 2024. Dans son discours, Sa Sainteté a appelé à l’élargissement des voies d’accès pour les migrants et à «une gestion globale des migrations fondée sur la justice, la fraternité et la solidarité». Et de rappeler aux uns et aux autres que le problème de la migration ne sera pas résolu par la «militarisation des frontières».Suspendant le cycle de catéchèse sur «l’Esprit Saint» qui guide l’Église, le Souverain Pontife a proposé aux nombreux fidèles réunis sur la place Saint-Pierre une réflexion sur le thème «Mer et désert» ! Deux mots qui, a-t-il expliqué, «reviennent dans tant de témoignages que je reçois, aussi bien de la part des migrants que des personnes qui s’engagent à les aider».
«Quand je dis Mer, dans le contexte des migrations, j’entends aussi l’océan, le lac, le fleuve… Toutes ces eaux traîtresses que tant de frères et sœurs de toutes les parties du monde sont obligés de traverser pour atteindre leur destination», a précisé le Pape. Et le «désert n’est pas seulement celui du sable et des dunes, ou celui des rochers, mais aussi tous ces territoires inaccessibles et dangereux, comme les forêts, les jungles, les steppes, où les migrants marchent seuls, abandonnés à eux-mêmes», a-t-il précisé. «De la Méditerranée, j’ai parlé à plusieurs reprises parce qu’elle est emblématique : la mare nostrum, lieu de communication entre les peuples et les civilisations, est devenue un cimetière. Et la tragédie, c’est que beaucoup, la plupart de ces morts, auraient pu être sauvés», a dénoncé l’évêque de Rome.
Et de poursuivre, «même certains déserts, malheureusement, deviennent des cimetières de migrants». Et même là, a déploré le Pape François, «il ne s’agit souvent pas de morts naturelles. Non ! Parfois, dans le désert, ils sont amenés et abandonnés. A l’ère des satellites et des drones, il y a des hommes, des femmes et des enfants migrants que personne ne doit voir : ils les cachent. Seul Dieu les voit et entend leur cri. Et ceci est une cruauté de notre civilisation».
«Nous sommes tous d’accord sur un point : les migrants d’aujourd’hui ne devraient pas se trouver dans ces mers et ces déserts meurtriers. Mais ce n’est pas par des lois plus restrictives, ce n’est pas par la militarisation des frontières, ce n’est pas par des rejets que nous obtiendrons ce résultat, qu’on va freiner le flux», a-t-il rappelé. «Nous l’obtiendrons plutôt en élargissant les voies d’accès sûres et régulières pour les migrants, en facilitant le refuge de ceux qui fuient les guerres, la violence, les persécutions et les nombreuses calamités; nous l’obtiendrons en favorisant de toutes les manières une gouvernance mondiale des migrations fondée sur la justice, la fraternité et la solidarité. Et en unissant nos forces pour lutter contre la traite des êtres humains, pour arrêter les trafiquants criminels qui exploitent sans pitié la misère d’autrui», a préconisé le Pape, un fervent défenseur de la cause des exilés depuis son élection en 2013.
Sa Sainteté n’a pas manqué de saluer «l’engagement de tant de bons samaritains qui font tout leur possible pour secourir et sauver les migrants blessés et abandonnés sur les routes de l’espoir désespéré, dans les cinq continents. Ces hommes et ces femmes courageux sont le signe d’une humanité qui ne se laisse pas contaminer par la mauvaise culture de l’indifférence et du rejet : ce qui tue les migrants, c’est notre indifférence». Il a également cité les «nombreuses personnes de qualité qui sont en première ligne, les Mediterranea Saving Humans et beaucoup d’autres associations». Le Souverain Pontife a conclu en rappelant, «nous ne pouvons pas être en première ligne, mais nous ne sommes pas exclus ; il y a de nombreuses façons de contribuer, en premier lieu par la prière. Et je vous demande : priez-vous pour les migrants, pour ceux qui viennent sur nos terres pour sauver leur vie que vous voulez chasser».
A l’occasion de la 50e Semaine sociale des catholiques en Italie, le Pape avait rappelé que «le défi de la communauté ecclésiale et civile est de savoir conjuguer ouverture et stabilité, accueil et identité». Ce fut l’occasion de réaffirmer la proximité de l’Église avec ceux qui fuient la guerre, la violence et la faim ainsi que de remercier les garde-côtes italiens (qui ont sauvé plus de 15 000 vies au cours des six premiers mois de 2024) et toutes les forces de l’ordre engagées dans les opérations de sauvetage en mer pour leur compétence, leur professionnalisme et leur humanité.
Selon les données publiées par l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), du 1er janvier au 17 août 2024, plus de 1 000 personnes sont mortes ou ont disparu en Méditerranée centrale, tandis que près de 14 000 ont été capturées en mer et ramenées en Libye, pays déclaré «peu sûr» par l’ONU.
Moussa Bolly