Pour répondre aux immenses défis migratoires, le gouvernement du Mali a adopté une Politique nationale de migration (PONAM) en 2014. Celle-ci se veut une réponse adéquate aux enjeux migratoires en prenant en compte l’ensemble des paramètres liés à la migration. Presque huit ans après, il est aujourd’hui question d’une relecture de cette politique, après la révision de son Plan d’action 2020-2024 en octobre 2020 à Ségou. Le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher, l’a annoncé lors de la cérémonie d’ouverture des Etats généraux de la migration organisés à Bamako du 17 au 19 août 2023. Une relecture imposée par l’évolution des défis et des enjeux liés à la migration.
Faire de la migration une opportunité de développement du pays ! Telle est la volonté qui a animé le gouvernement malien en élaborant et en mettant en œuvre une Politique nationale de migration (PONAM) en 2014. Le principal objectif visé était de faire de la migration «une chance pour le développement en luttant sérieusement contre les mouvements clandestins qui prennent la forme d’une traite des personnes», avait précisé Dr. Abdrahamane Sylla, ministre des Maliens de l’Extérieur à l’époque.
Cette politique est axée sur deux volets essentiels comme la gestion des migrations conformément aux normes internationales et la mise en relation de la migration et du développement. Selon le gouvernement de l’époque, cette politique se justifie par les multiples enjeux de la migration, la volonté politique de mieux gérer les flux migratoires, la sécurisation des Maliens de la diaspora et sa mobilisation pour le développement du pays.
L’ambition politique porte sur un ensemble de mécanismes pour favoriser l’investissement de la diaspora et organiser la migration légale, améliorer la gestion des frontières, lutter efficacement contre la migration irrégulière et promouvoir la protection internationale des Maliens à travers le monde. «Une gestion équilibrée de la migration passe par une nécessité impérieuse de stimuler une approche commune entre les partenaires des pays de départ, de transit et d’accueil et avoir comme priorité la mise en œuvre des mesures concrètes ainsi que la mobilisation des ressources humaines, financières et matérielles afin de relever les défis que chacun affronte à son niveau», avait rappelé Dr. Abdrahamane Sylla. Et d’ajouter, «nous sommes convaincus qu’en gérant mieux la migration, elle représente une source d’investissement culturelle et sociale par des échanges humains et économiques».
Une volonté politique réaffirmée contre la migration irrégulière et les réseaux mafieux du trafic humain
Pour le gouvernement malien, la politique traduit aussi la volonté des autorités maliennes d’engager une lutte sans merci contre les réseaux mafieux par une stricte application de la loi relative à la lutte contre la traite des personnes et les pratiques assimilées. L’exécution de la Ponam devait nécessiter la mobilisation de près de 120 milliards F CFA. Elle prévoyait aussi la création de 5 000 emplois directs en plus des infrastructures de production et de transformation dans les localités de départ, des projets de réinsertion socio-économique à l’endroit des Maliens de retour volontaire ou forcé.
Malgré ces actions importantes engagées par le gouvernement et qui ont eu des effets positifs sur le phénomène, des défis majeurs restent encore à relever. Il s’agit notamment de la persistance des flux irréguliers de migration, le démantèlement des réseaux de passeurs, le déficit d’opportunités de migration professionnelle à l’international, la mobilisation de la diaspora pour l’investissement productif et la disponibilité des données actualisées relatives aux Maliens établis à l’extérieur. D’où la nécessité d’une relecture de la Ponam pour mieux l’adapter aux défis et enjeux de l’heure.
Le gouvernement en est conscient et le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine l’a annoncé dans son discours d’ouverture des Etats généraux de la migration le 17 août 2023.«Je voudrais vous rassurer que nos prochaines actions, qui seront robustes et vigoureuses, s’attèleront à répondre aux défis dans une approche holistique et une démarche inclusive. Par ailleurs, il convient de signaler que mon département va engager, dans les jours à venir, un processus de relecture de la Ponam en vue de prendre en compte tous ces nouveaux enjeux et défis de la migration», a déclaré Mossa Ag Attaher.
Il faut rappeler que le Plan d’Action (2020-2024) de la PONAM a été déjà révisé au cours d’un atelier national organisé du 20 au 23 octobre 2020 à la Chambre de commerce de Ségou. Et cela grâce au soutien technique et financier de l’Union européenne (UE), de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), la Deutsche Gesellschaft fur Internationale Zusammenarbeit (GIZ), l’Expertise France (EF) et l’Agence Espagnole pour la Coopération Internationale au Développement (AECID).
Cet atelier visait à actualiser le Plan d’action pour la période 2020-2024 tout en proposant un mécanisme et un dispositif de suivi du Plan d’Action (PA) permettant de renseigner le cadre logique élaboré. Il faisait suite aux recommandations de l’évaluation à mi-parcours du Plan d’action de la PONAM réalisée en mars 2020. Cette rencontre a mis en exergue la synergie et la complémentarité des actions financées par l’UE et mises en œuvre par les agences européennes et internationales de la Politique nationale de migration.
Cette relecture prouve que les autorités malienne sont conscientes que c’est une condition sine qua non de parvenir à «une migration régulière» qui fera du Mali «le berceau du bonheur recherché» grâce à l’apport des Maliens établis à l’extérieur et très engagés pour «l’édification d’un Mali de paix et de stabilité retrouvées» !
Moussa Bolly