La mise en œuvre de la Politique nationale de migration (PONAM) a généré des acquis incontestables dans la gestion du phénomène. Toutefois, ces acquis ne doivent pas être l’arbre qui cache la forêt au point de minimiser les nouveaux défis et enjeux liés à la migration.
Même si des efforts restent à faire dans la gestion de la migration, a noté Mossa Ag Attaher (ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine lors de la cérémonie d’ouverture des états généraux de la migration en août 2023), la mise en oeuvre des différents Plan d’actions de la Ponam a permis au Mali d’atteindre des acquis notoires qu’il faut nécessairement consolider.
Il s’agit entre autres, du renforcement de la protection de nos compatriotes en situation de détresse à l’extérieur avec l’assistance à plus de 50 000 via des opérations de rapatriement ; du soutien à plus de 200 projets communautaires en rapport les associations des Maliens établis à l’extérieur ; de l’Accompagnement de plus de 30 000 migrants de retour à travers des projets d’insertion ; de l’intensification des actions d’information et de sensibilisation sur les risques et dangers de la migration irrégulière dans les zones de forte émigration ; du renforcement de la coopération internationale sur les enjeux migratoires ; de l’amélioration de l’état des connaissances sur les questions migratoires à travers la réalisation de plusieurs études; du renforcement de la communication sur les opportunités d’investissement au Mali ; de la conception de stratégies et outils opérationnels pour répondre aux besoins de nos compatriotes établis à l’extérieur.
L’Action de Coopération sud-sud en matière de migration (cofinancée par le Ministère allemand de la coopération économique et du développement et par l’UE) vise par exemple à améliorer la gouvernance régionale dans le secteur de la migration entre le Maroc, la Côte d’Ivoire, le Mali et le Sénégal. Elle est mise en œuvre conjointement par la GIZ et Expertise France.
Au Mali, l’AECID met en œuvre le projet «Information et sensibilisation sur les risques et dangers de la migration irrégulière et de promotion de la libre circulation dans l’espace Cédéao». Au cours des deux premières années d’exécution, ce projet a sensibilisé plus de 70 000 migrants potentiels au Mali sur les risques et les dangers de la migration irrégulière. Il a également subventionné 39 organisations de la société civile malienne afin de renforcer les capacités nationales de gestion de la migration. C’est un projet financé par l’UE et mis en œuvre conjointement par le ministère des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine et la Coopération espagnole avec des interventions dans les régions de Kayes, Sikasso et le District de Bamako.
A noter aussi que, depuis mai 2017, l’OIM met en œuvre l’Initiative conjointe FFU-OIM pour la protection et la réintégration des migrants au Mali. Ce projet vise, d’une part, à garantir un retour volontaire sûr, humain et digne ainsi qu’une réintégration durable pour les migrants maliens. D’autre part, il contribue au renforcement de la gouvernance des migrations en renforçant les données migratoires et la communication sur les flux, les routes et les tendances migratoires. Il permet également de collecter des données sur les besoins et les vulnérabilités des migrants en vue de soutenir la conception de politiques au niveau national.
Depuis le début de l’initiative jusqu’en octobre 2020, 17 181 Maliens qui étaient en situation de vulnérabilité sur la route migratoire de la Méditerranée centrale ont pu rentrer chez eux. De ce nombre, 6 760 Maliens de retour ont mis en oeuvre leur projet de réintégration économique. Même s’il reste encore beaucoup d’efforts à consentir pour gérer la migration, à l’aide surtout de politiques plus humaines, force est aussi de reconnaître que des actes ont été réellement posés pour faire de ce phénomène un challenge, des opportunités et non des charges !
Kader Toé