MigrationUn défi à relever, des enjeux multiples à cerner

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pour répondre aux défis migratoires, le Mali a adopté une Politique nationale de migration (PONAM) en 2014. Une initiative qui traduit la ferme volonté politique d’apporter une réponse adéquate aux enjeux migratoires. Presque huit ans après le début de la mise œuvre de la Ponam, les acquis sont incontestables. Les observateurs vous parleront, entre autres, du renforcement de la protection de nos compatriotes en situation de détresse à l’extérieur avec l’assistance à plus de 50 000 via des opérations de rapatriement ; du soutien à plus de 200 projets communautaires en rapport les associations des Maliens établis à l’extérieur ; de l’Accompagnement de plus de 30 000 migrants de retour à travers des projets d’insertion.

N’empêche que l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Ainsi,  «malgré ces actions importantes» mises en évidence par le ministre Mossa Ag Attaher (ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine) à l’ouverture des états généraux de la migration (17-19 août 2023), des «défis majeurs» restent encore à relever. Il s’agit notamment de la persistance des flux irréguliers de migration, du démantèlement des réseaux de passeurs, du déficit d’opportunités de migration professionnelle à l’international, la mobilisation de la diaspora pour l’investissement productif et la disponibilité des données actualisées relatives aux Maliens établis à l’extérieur… Malgré les campagnes d’information et de sensibilisation, de nombreux jeunes Maliens sont encore tentés par la périlleuse aventure de l’émigration irrégulière dont on ne compte plus le nombre de victimes sur les dunes du Sahara et dans les profondeurs de la Méditerranée.

Comme tout phénomène social, les enjeux et les défis de la migration évoluent avec le temps. D’où l’impérieuse nécessité aujourd’hui de revoir les ambitions affichées dans la Ponam. Une nécessité qui n’a heureusement pas échappé au gouvernement malien puisque cette relecture est déjà envisagée. Et le fait de la faire précéder des états généraux de la migration a été une idée géniale puisque ces assises ont donné la parole aux organisations de la Diaspora pour exprimer leurs préoccupations et leurs aspirations. Tout comme nos partenaires techniques et financiers ont pu aussi exprimer leurs craintes et leurs attentes. Comme il est apparu dans ces recommandations, ces assises ont permis de baliser les nouveaux défis et enjeux de la migration. Ce qui est déjà un atout incontestable de la relecture de la Ponam envisagée.

Mais, il faut aussi signaler que toutes les initiatives entreprises auront une portée limitée si elles ne sont pas accompagnées d’une politique de développement équilibré avec une judicieuse exploitation des richesses au profit du développement local et régional. Il est aujourd’hui inconcevable que, avec toutes ses mines d’or et sites d’orpaillages, que la région de Kayes soit aussi pauvre au point que ses ressortissants soient «obligés d’aller mourir en mer». Kayes est quand même aujourd’hui la première région contributrice de ressources fiscales et douanières au budget d’Etat.

Mais, force est aussi de reconnaître que cette volonté politique ne servira à rien à l’Etat et à notre diaspora  tant que les Maliens de l’étranger resteront profondément divisés comme on l’a souvent vu ces dernières années. En effet, l’unité, la cohésion et l’entente entre nos compatriotes établis à l’extérieur reste un autre défi majeur pour impulser davantage les nombreuses initiatives de développement qu’ils portent.

Moussa Bolly

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