Gouvernance de la Transition : les impératifs sécuritaires peuvent-ils aller de pair avec le progrès économique ?

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Dans le contexte actuel de la gouvernance transitoire, où tout semble relever de l’urgence, l’État malien s’emploie néanmoins à améliorer les conditions de vie des populations. Contrairement à un discours longtemps dominant, selon lequel l’ampleur des dépenses sécuritaires entravait inévitablement la croissance socio-économique, les autorités de la Transition paraissent déterminées à relever un double défi : assurer la défense du territoire tout en impulsant le développement économique et social.

Cette ambition se reflète dans les projections des experts, qui estiment la croissance économique du Mali à près de 6 % du PIB en 2026, alors même que le pays demeure engagé dans une lutte acharnée contre le terrorisme et ses soutiens, y compris étrangers. Une performance attendue qui traduit la volonté des autorités de ne pas sacrifier l’économie sur l’autel de la sécurité.

Il convient toutefois de rappeler que la Transition malienne évolue dans un environnement saturé de défis. Chargés de sortir le pays d’une crise multidimensionnelle persistante depuis les années 2010, les dirigeants font face à des responsabilités lourdes, souvent peu enviables. Parmi ces défis, ceux liés à la défense et à la sécurité figurent au premier rang, car ils touchent directement à la survie même de l’État. Pour autant, les autorités s’efforcent de veiller à ce que les investissements sécuritaires ne compromettent pas les actions de développement.

À cet égard, la séance plénière du Conseil national de Transition (CNT) du lundi 8 décembre dernier, consacrée à l’examen de la deuxième partie du projet de loi de finances 2026, a permis de lever le voile sur les dotations budgétaires allouées aux différents départements de l’administration. Il en ressort que les secteurs de la défense nationale et de la sécurité intérieure bénéficient de ressources conséquentes.

Ainsi, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, le ministère de la Défense se voit attribuer un budget de plus de 531 milliards de FCFA. De son côté, le département de la Sécurité intérieure bénéficie d’une enveloppe de 192,5 milliards de FCFA, essentiellement destinée au maintien de l’ordre et à la protection civile. Bien que ces dotations soient en légère baisse par rapport à l’exercice 2025, elles demeurent significatives et traduisent le poids des dépenses sécuritaires dans les finances publiques.

Selon plusieurs sources, les plus hautes autorités poursuivent leurs efforts pour renforcer la sécurité nationale, jeter les bases d’une paix durable et promouvoir la réconciliation nationale, tout en préparant des actions structurantes de développement, notamment dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES). Dans cette dynamique, les ressources mobilisées pour la défense et la sécurité ne semblent nullement freiner les initiatives à caractère socio-économique.

À titre illustratif, des avancées notables sont enregistrées dans le processus d’opérationnalisation de la banque d’investissement de l’AES, parallèlement aux initiatives d’apurement de la dette intérieure. Ces mesures, saluées par le secteur privé et les établissements bancaires, constituent un signal positif dans un contexte économique mondial marqué par la récession, particulièrement en Afrique.

L’apurement en cours des dettes intérieures des exercices 2023 et 2024 aurait ainsi permis, selon les opérateurs économiques, d’injecter une bouffée d’oxygène dans l’économie nationale. À cela s’ajoutent plusieurs actions de développement à fort impact social, telles que la réforme du Code minier, qui a récemment permis au Trésor public de mobiliser plus de 750 milliards de FCFA pour financer des dépenses stratégiques de l’État.

Par ailleurs, des projets de construction d’infrastructures, d’aménagement de voies et de création d’unités industrielles sont en cours ou en préparation. Pour de nombreux observateurs, ces initiatives témoignent de la volonté affichée des autorités de la Transition de poser des actes concrets susceptibles d’améliorer durablement le quotidien des Maliens, malgré les contraintes multiples du moment.

En définitive, la gouvernance actuelle s’efforce de concilier impératifs sécuritaires et développement socio-économique. Si les efforts engagés doivent encore être intensifiés, ils laissent entrevoir la possibilité pour le Mali de s’extraire progressivement du cycle de crises qui pèsent sur son existence depuis plusieurs années.

rédaction

diasporaction.fr

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