EDITO : Une gouvernance vertueuse pour contrer la migration irrégulière

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A écoutez les oiseaux de mauvais augure comme le président Emmanuel Macron de la France et de nombreux médias, l’Occident est toujours sous la menace de la ruée sauvage des «Mamadou». Un prétexte fallacieux pour malencontreusement tenté de se barricader en offrant en même temps un tremplin à l’Extrême droite de conquérir l’électorat avec ses politiques nauséabondes. Et pourtant, à y regarder de près, la situation de la migration africaine est totalement différente de celle généralement décrite dans les médias occidentaux. Il y a une exagération savamment entretenue pour se confier le beau rôle de l’Eldorado toujours convoité alors que la plupart des pays occidentaux, européens notamment, sont en décadence socioculturelle et en récession économique. 

La réalité c’est quoi ? Selon les chiffres des Nations unies, le nombre de migrants internationaux dans le monde a atteint 281 millions en 2020 (soit 3,5 % de la population mondiale), dont 36 millions d’Africains, soit 14 % des migrants internationaux dans le monde. Toutefois, il convient de noter que plus de 80 % des flux migratoires en Afrique se réalisent au sein du continent africain lui-même. Nous sommes donc loin de la ruée sans cesse évoquée dans les médias occidentaux. «Il ne fait aucun doute qu’un traitement, essentiellement dans le but d’une exploitation électoraliste, est réservé à la question migratoire dans les médias internationaux», a rappelé le ministre des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine, Mossa Ag Attaher,  dans son discours d’ouverture des travaux de la rentrée solennelle de l’Amicale des anciens étudiants et stagiaires maliens du CESTI de Dakar (AMA-CESTI). Un événement organisé sur le thème, «Migration, Genre et Changement climatique : comment construire et diffuser une bonne information». 

C’est de bonne guerre qu’un acteur majeur du changement de comportement et d’éveil des consciences comme la presse ait décidé de s’engager dans la lutte contre la migration irrégulière en renforçant les initiatives de l’État et de ses partenaires dans ce domaine. C’était ​le mérite d’être salué et soutenu d’autant plus que, en dépit des efforts notoires de l’État et de ses partenaires, force est de constater que fléau continue de provoquer des drames. Comme l’a dit rappelé le ministre Mossa Ag Attaher face aux Cestiens, «​la presse ne peut en aucune manière rester en marge du combat contre la migration irrégulière et de la déconstruction des idées reçues sur les migrations». Et pour la simple raison, a-t-il rappelé, «le drame de la migration illégale implique la responsabilité de plusieurs acteurs, chacun jouant un rôle essentiel dans la recherche de solutions».

De nous les médias maliens voire africains, l’Etat et ses partenaires attendent «un rôle crucial» consistant à «déconstruire les mythes et préjugés sur la migration». Un rôle à prendre au sérieux d’autant plus que des confrères et consoeurs de l’Occident ne cessent d’attiser et de développer ces mythes et ces préjugés en leur faveur en diabolisant nos migrants permanemment voués aux gémonies. Malgré des discours hypocrites, la classe politique européenne (toute obédience confondue) ne cesse d’œuvrer a ériger des barricades à travers des politiques restrictives d’immigration. Le migrant est à l’origine de tous les maux dont ils ne parviennent plus à éradiquer pour le bonheur de leur population pourtant vieillissante d’une manière générale.

Dans nos Etats, la presse a «une grande responsabilité dans la gestion de la migration» car elle doit désormais s’engager à éclairer les populations,  notamment les jeunes, en peignant «une image réelle» des routes migratoires, de la situation dans les pays d’accueil. Et cela sans omettre de mettre en exergue les success stories (réussite). Il s’agit aussi de remettre les décideurs politiques face à leur responsabilité car, si elles sont réellement bien gérées au profit de tous, le Mali et l’Afrique ne manquent pas de ressources disponibles pour donner espoir à la jeunesse. Comme nous l’avons  vu, le «African Youth Survey» de la fondation sud-africaine «Ichikowitz Family» révèle que 60 % des jeunes Africains fuient leur pays pour échapper à la corruption. Autrement, une gouvernance vertueuse de nos Etats serait déjà un pas décisif pour prévenir la migration clandestine.

Face au rouleau compresseur des puissants médias occidentaux (à jamais en manque de moyens pour la cause), il faut aussi à nos organes un soutien sans équivoque de l’Etat et de ses partenaires en termes de formation et surtout de moyens financiers et logistiques. Il a beau être indispensable au changement de comportement et à l’éveil des consciences, l’esprit critique ne peut pas tout. Avec les moyens dérisoires dont disposent aujourd’hui nos médias, difficile d’échapper à la corruption et à la manipulation pour les détourner des missions attendues d’eux par tous. 

En plus d’une forte conviction, ce sont les moyens  (en plus de la formation) qui font la compétence, l’intégrité et la crédibilité du journaliste ! Qu’on y pense !  Toujours est-il que, convaincus que nous pouvons contribuer au changement de mentalités vis-à-vis de la migration et éclairer davantage l’opinion, nous sommes déterminés à pleinement jouer notre rôle. Notre partition ne manquera pas à la synergie à mettre en place pour mieux appréhender la problématique de la protection des migrants en y apportant des réponses durables pour arriver à bout des défis migratoires !

Moussa Bolly

Source: DiasporAction

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