Auteure, compositrice et interprète descendante d’une longue lignée de griots du Mali, Djely Tapa avait remporté le «Prix JUNO 2020» de l’album canadien de musique du monde de l’année avec son premier opus, «Barokan». Et elle compte continuer cette ascension avec comme ascenseur «Dankoroba». Une œuvre disponible depuis le 4 octobre 2024 et qui a été baptisée (spectacle de dédicace) avec une pléiade de stars et de nombreux distingués invités. Une œuvre adoubée par les critiques qui l’ont qualifié de «disque afro-futuriste», avant même sa sortie.
La jaquette de Dankoroba, le second album de Djely Tapa
«Leurs fleurs… La fleur de caïlcédrat, la fleur de figuier… La fleur de l’Être s’épanouit en l’enfant/N’ayez pas peur du stratège mais plutôt de son héritier/Oui, l’héritier est le joyau de l’influent/L’héritier des influents stratèges ne fera point d’erreur/L’héritier des vieux griots ne fera point d’erreur/L’héritier des anciennes griottes ne fera point d’erreur/Tous les enfants risquent d’être enjôlés, sauf les protégés de courageuses érudites». Ainsi chante l’artiste.Et de préciser dans la même chanson, «tous les enfants risquent d’être enjôlés, sauf les protégés de sorcières dangereusement éclairées. Un enfant guidé par les neuf sorcières suprêmes ne sera jamais subjugué Me voici, je suis l’héritière des influentes stratèges». C’est ainsi que Djely Tape prend le pouvoir dans «Dankoroba», le titre qui a donné son nom au second album de la fille de la célèbre Djely Kandia Kouyaté dite la «Fée de Kita Kuru».
Dans ses interviews, elle rappelle que «Dankoroba célèbre le pouvoir des individus de façonner positivement le monde et rend hommage aux Sumusso (sorcières), c’est-à-dire les 9 femmes impliquées dans le 1er gouvernement de l’Empire mandingue au 13e siècle». Et aujourd’hui, Tapa porte merveilleusement l’habit de l’héritière chargée de faire connaître «l’héritage africain» aux générations actuelles et futures. Le titre «Dankoroba» est surtout un bel «hommage» de l’héritière des Divas du Mandé «aux femmes influentes du glorieux empire manding» et, par ricochet aux influenceuses (les vraies) de son époque.
En Malinké, «Dankoroba» fait référence à une personne influente par ses actions et par ses engagements. Le terme évoque aussi un pouvoir de transformation. «Face aux défis politiques et écologiques, face aux inégalités, Djely Tapa célèbre le potentiel unique de chacun de façonner positivement le monde, à l’image d’une Afrique inspirante, capable d’élargir ses horizons tout en revisitant son ancestralité. L’amour, la joie et l’espoir sont également des thèmes qui caractérisent l’album», commente un critique. Pour l’artiste, «c’est plus qu’un album. C’est un voyage à travers la joie, l’amour, le courage et la résilience. Une célébration de notre passé et une marche vers l’avenir.
Un symbolique voyage à travers les traditions et les sons du futur
Et d’ajouter, «c’est un immense bonheur de pouvoir enfin partager avec vous ce projet qui me tient tellement à cœur. C’est un voyage à travers les traditions du Mali et les sons du futur, une œuvre où passé et avenir se rencontrent. Chaque morceau est une part de moi, une histoire d’amour, de joie, de résilience et d’espoir… A travers cet album, j’appelle à l’éveil des consciences et à la fraternité, un pouvoir de transformation qui résonne à travers les époques». Misant sur un accueil des mélomanes à la hauteur de l’immense travail qui a engendré cet opus, Djely Tapa espère surtout que son œuvre «résonnera en vous autant qu’il a résonné en moi pendant sa création».

Djely Tapa est aujourd’hui une tête d’affiche du showbizz
Enregistré entre Bamako et Montréal, cet album a été réalisé par le célèbre Jean Massicotte-Pierre Lapointe, Patrick Watson, Arthur H… Interprétées en malinké, khassonké, bambara et français, «les mélodies sont somptueuses et les envolées vertigineuses, soutenues par d’épiques mélodies de guitares et d’obsédantes lignes de cordes». Sur deux titres, Vieux Farka Touré et Adama Yalomba offrent des «duos complices» avec l’artiste. Plusieurs musiciens virtuoses de Montréal et de Bamako ont aussi collaboré à l’album, notamment le Quatuor Andara (cordes), la Chorale Afrika Intshiyetu, Diely Mory Tounkara (kora), Andra Kouyaté (ngoni), Kandiafa (n’gonibah) et Atimi Banohro (guitare).
L’arrangement de l’album a fait aussi appel à des «instruments emblématiques» du Mali comme le sokou (violon monocorde), le ndan (ou dan/harpe)… Des instruments qui flirtent somptueusement avec d’autres dits modernes pour produire des «beats électroniques» rehaussant du coup «la voix d’or» de Djely Tapa qui chante la force, l’espoir, l’amour, l’unité… La finalité artistique recherchée était d’offrir aux mélomanes «un univers musical riche en émotions et en découvertes». Et pour de nombreux critiques et fans, ce «but est atteint» !
Une œuvre qui actualise les racines musicales mandingues de la rossignole
Comme le disent nos confrères de «La Presse» (réputée être le site d’information francophone le plus complet en Amérique du nord), ce disque permet à Tapa d’actualiser «ses racines musicales mandingues». Sur le premier album (Barokan), rappelle l’artiste/cantatrice, «on s’était inspirés des instruments traditionnels. Mais, cette fois-ci, on est allés enregistrer des instruments traditionnels en Afrique» en plein air. «Issue de la caste des griots, Djely Tapa s’affaire ici à actualiser les traditions maliennes en les catapultant dans des dimensions cosmiques, afro-futuristes et électroniques», commente Keithy Antoine de «PAN M 360» qui a interviewé l’artiste à la veille de la sortie de son album le vendredi 4 octobre 2024.
Déjà reconnue comme «l’une des nouvelles voix internationales de la musique mandingue», Djely Tapa (Sountougoumba Diarra de son vrai nom) fait un brillant retour dans les bacs avec une «œuvre afro-futuriste» qui va sans doute lui permettre de conforter sa notoriété dans le se showbiz mondial. Elle (œuvre) est en tout cas bien accueillie par les critiques qui la jugent «à la fois beau, dense, puissant et profond». Selon «La Presse» (en référence à Barokan, le premier album solo de l’artiste), «Dankoroba» est «un disque ancré dans les traditions de l’Afrique de l’ouest, mais dont la facture est éminemment actuelle» et universelle ! Une œuvre à savourer à tout prix et sans modération !
Moussa Bolly
L’héritière des grandes voix mandingues
«La musique est un moyen de communication pour moi. Les grandes scènes, c’est seulement un petit bout de ce que je fais dans la communauté» ! Telle est la confession récemment faite par Djely Tapa à nos confrères de «La Presse» (un quotidien québécois fondé en 1884 à Montréal. Essentiellement numérique depuis 2017, il est réputé être le site d’information francophone le plus complet en Amérique du nord). Et de poursuivre ses confidences à la même source, «ma musique ressemble à la personne que je suis. Je tiens à mes racines et je suis une femme québécoise d’aujourd’hui, une femme de mon temps aussi soucieuse de ma contribution artistique que de l’avenir de mes enfants».

Djely Tapa sur scène
Djely Tapa est en effet issue d’une famille de griots. Sa mère, Kandia Kouyaté dite la «Fée de Kita Kuru», est d’ailleurs une figure très connue et respectée au Mali voire dans le Manden. Mais, Tapa peut aussi légitimement revendiquer l’héritage des grandes voix maliennes comme Tata Bambo Kouyaté (paix à son âme), la regrettée Bako Dagnon, Amy Koïta… qui sont toutes ses marraines. C’est cet héritage qui fait en sorte que, soulignent des confrères canadiens, «tout coule de source chez Djely Tapa» ; autant le chant (puissant même dans la délicatesse) que les musiques. «Sans même comprendre les paroles de ses chansons, on devine que son propos est fort, ancré dans une volonté d’être utile et de faire avancer les choses», reconnaissent les confrères de «La Presse».
Musicienne «malienne-québécoise» Djely Tapa (Sountougoumba Diarra) se bat aujourd’hui pour promouvoir dans le showbiz mondial les traditions musicales maliennes en les associant à des éléments du blues, du jazz et de l’électro. Née et grandie au Mali, Sountougoumba Diarra (fille du griot et danseur Djely Bouya Diarra et de la cantatrice Kandia Kouyaté) a déménagé dans les années 2000 à Montréal (Québec/Canada) pour ses études supérieures en sciences. Le goût des études n’a pas affecté sa passion pour la musique. Elle s’est donc armée de courage et d’abnégation pour mener études et musique en participant notamment à des événements musicaux au sein de la communauté malienne au Québec. «Même pendant mes études, j’étais dans la musique», précise-t-elle souvent dans ses entretiens avec la presse.
Elle se fera plus tard plus fréquente sur la scène locale en privilégiant une présence au sein de collectifs, notamment avec le groupe «Africkana Soul Sister» ; «Zal Sissokho» ou la troupe du cirque «Kalabanté». Plus tard, elle a travaillé également avec «Afrotronix» et le musicien tchadien Caleb Rimtobaye. Après 17 années de scène, ayant adopté le nom de scène de Djely Tapa qui est aussi le nom de sa grand-mère, elle s’est lancée dans une carrière solo marquée par un premier album en février 2019, «Barokan». Un opus marqué par son combat pour l’émancipation féminine.

Djely Tapa est l’héritière des voix emblématiques de la musique malienne
Produit par le label «Disques Nuits d’Afrique», ce coup d’essai a remporté le «Prix Juno» de l’album de musique du monde de l’année aux «Juno Awards de 2020». Devenue une «Montréalaise notoire» au sein de la diaspora africaine de cette métropole, Djely Tapa figurait aussi en 2022 dans le calendrier annuel du «Mois de l’histoire des Noirs» et a été photographiée par Karene-Isabelle Jean-Baptiste, une célèbre photographe montréalaise. Dans un nouveau single paru en mars 2022, «Le sais-tu ?», elle s’interrogeait sur «tous les poids qui pèsent sur les femmes» et les discriminations et agressions qu’elles subissent encore.
Un engagement qui se prolonge dans son second album, «Dankoroba». Une œuvre que les médias (notamment La Presse) qualifient de «groove certain et traversé d’une envie de souligner la contribution des femmes dans la culture mandingue et de militer pour l’unité du Mali». Si «Barokan» lui a permis d’entrer dans le showbiz, à travers notamment ses tournées, on peut être sûr que «Dankoraba» va lui ouvrir une voie royale pour non seulement s’y maintenir, mais aussi s’afficher en leader d’une génération d’artistes qui se veulent un pont entre les cultures voire les civilisations.
M.B