Centrafrique : les électeurs aux urnes, Touadéra en position de briguer un troisième mandat

Date:

Share post:

Les électeurs centrafricains ont commencé à voter ce dimanche dans le cadre d’un scrutin à forts enjeux, combinant élections présidentielle, législatives, municipales et régionales. Le président sortant, Faustin-Archange Touadéra, apparaît comme le grand favori pour un troisième mandat consécutif, qu’il justifie par les avancées sécuritaires enregistrées dans ce pays longtemps en proie aux conflits. Environ 2,3 millions d’électeurs sont appelés aux urnes entre 05h00 et 17h00 GMT.

Entouré d’un important dispositif de sécurité comprenant la garde présidentielle, des éléments rwandais et des mercenaires du groupe Wagner, le chef de l’État s’est rendu vers 11h00 (10h00 GMT) au lycée Boganda pour accomplir son devoir civique. À sa sortie du bureau de vote, salué par quelques électeurs, il a appelé les Centrafricains à voter « pour le développement, la paix et la sécurité du pays », qualifiant ce scrutin d’« enjeu majeur ».

Le principal opposant, Anicet-Georges Dologuélé, vêtu d’un costume bleu et accompagné de son épouse, a voté plus tôt dans la matinée à l’hôtel de ville de Bangui. À l’issue du vote, il a évoqué un sentiment de « confiance et d’humilité », exhortant les électeurs à faire « le bon choix pour l’avenir du pays ». Confiant, il a affirmé qu’il reconnaîtrait le verdict des urnes, se disant convaincu de sa victoire.

Calme relatif sous haute surveillance

Dans la capitale Bangui, la situation est demeurée globalement calme, sous étroite surveillance. Des véhicules blindés de la Minusca étaient déployés aux principaux carrefours, tandis qu’une forte présence des forces de sécurité était visible autour des bureaux de vote. Au lycée Miskine, à proximité du lieu où a voté le président, des hélicoptères survolaient la zone et de longues files d’attente ont été observées.

Une sécurité améliorée mais toujours fragile

Si la situation sécuritaire s’est nettement améliorée depuis la guerre civile des années 2010, elle demeure « fragile », reconnaît le président sortant. Selon plusieurs observateurs, l’armée nationale, appuyée par les mercenaires de Wagner, a réussi à repousser les groupes armés rebelles hors de nombreuses régions, après les violences qui avaient marqué le scrutin de 2020.

Parmi les électeurs, Julie Odjoubi, enseignante de 44 ans, a voté dès les premières heures. « Nous avons besoin d’un dirigeant choisi par le peuple, et non imposé par la force », a-t-elle déclaré, le doigt encore marqué d’encre violette.

Un scrutin contesté par une partie de l’opposition

Du côté gouvernemental, tout semble avoir été mis en œuvre pour assurer une victoire dès le premier tour à Faustin-Archange Touadéra (68 ans), élu une première fois en 2016 puis réélu en 2020 lors d’un scrutin entaché d’accusations de fraude. Il est vivement critiqué pour avoir fait adopter en 2023 une nouvelle Constitution lui ouvrant la voie à un troisième mandat.

Une frange de l’opposition a d’ailleurs choisi de boycotter le scrutin, dénonçant une « mascarade électorale » et l’absence de dialogue politique. Sept candidatures ont toutefois été validées, dont deux considérées comme sérieuses face au président sortant : Anicet-Georges Dologuélé et Henri-Marie Dondra, ancien Premier ministre devenu opposant et candidat de l’Union républicaine (UNIR).

Les résultats provisoires de l’élection présidentielle sont attendus le 5 janvier.

Observateurs et contexte continental

L’Autorité nationale des élections (ANE) annonce avoir accrédité plus de 1 700 observateurs, nationaux et internationaux, issus notamment de l’Union européenne, de la CEEAC et de l’Union africaine.

Ce scrutin, organisé le même jour que la présidentielle en Guinée, clôt une année électorale intense en Afrique, marquée par la consolidation du pouvoir de plusieurs dirigeants en place, sur fond de critiques concernant le recul démocratique et la répression de l’opposition dans plusieurs pays du continent.

Touadéra, « candidat de la stabilité »

Se présentant comme le « candidat de la stabilité », Faustin-Archange Touadéra met en avant la reprise progressive du contrôle de l’État sur près de 90 % du territoire, contre 80 % encore aux mains des groupes armés en 2021. Il cite également des avancées en matière d’infrastructures, notamment la réhabilitation des routes, l’éclairage public et l’assainissement urbain à Bangui.

Cependant, la majorité des Centrafricains continue de faire face à des conditions de vie difficiles : 71 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, avec un accès limité aux services de base, un chômage persistant et un coût de la vie en constante augmentation.

La signature récente d’accords de paix avec trois groupes armés, la présence de la Minusca et le déploiement d’environ 2 000 éléments du groupe Wagner, à la demande du président, devraient néanmoins contribuer à un scrutin plus apaisé qu’en 2020, année marquée par une tentative de déstabilisation armée du régime.

diasporaction.fr

Related articles

Biennale artistique et culturelle Tombouctou 2025 : Bougouni au sommet d’une célébration historique

La Biennale artistique et culturelle Tombouctou 2025 s’est achevée en apothéose ce dimanche 28 décembre, consacrant une étape...

L’actionnariat populaire : une réponse africaine au déficit de fonds propres et à la dépendance financière

Dans les débats sur le financement du développement en Afrique, une vérité s’impose avec force : ce n’est...

Le Président sénégalais exhorte les rebelles de Casamance à s’engager pleinement dans le processus de paix

Dakar, 21 décembre (Xinhua) – Le Président de la République du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a lancé dimanche...

2ᵉ session du Collège des Chefs d’État de l’AES : à Bamako, le discours sans concession du Capitaine Ibrahim Traoré

Réunis à Bamako pour la deuxième session du Collège des Chefs d’État de la Confédération des États du...