Avec la mise en production de la mine de Goulamina, suivie de celle de Bougouni Lithium (inaugurée par le président Assimi Goïta le lundi 3 novembre 2025) exploitée par Kodal Mining et Hainan Mining, le Mali entre dans une nouvelle ère industrielle et énergétique. Ces deux projets font désormais du pays le premier producteur africain de lithium dès 2026. C’est une avancée majeure pour la souveraineté économique nationale, comparable à ce qu’a représenté l’or dans les années 2000.

Inaugurée par le président Assimi Goïta, la mine de lithium de Bougouni est entrée en production le 3 novembre 2025
Le lithium est un métal stratégique utilisé dans les batteries électriques : celles des téléphones portables, des ordinateurs, mais surtout des voitures électriques. Sa demande mondiale ne cesse d’augmenter avec la transition énergétique planétaire. Les deux mines devraient produire environ 600 000 tonnes de concentré de lithium par an. Si le prix mondial reste proche de 1 000 dollars la tonne, cela représente près de 600 millions de dollars d’exportations annuelles, soit approximativement 360 milliards de francs CFA.
Une telle performance ferait du lithium le deuxième produit d’exportation du Mali après l’or. Cela permettrait aussi de réduire d’environ un quart le déficit commercial du pays, c’est-à-dire la différence entre ce que le Mali importe et ce qu’il exporte. En d’autres termes, cette production renforcera les entrées de devises étrangères et contribuera à stabiliser la balance des paiements du pays.
L’exploitation de ce minerai est aussi de nature à améliorer les échanges économiques avec la Chine, qui est aujourd’hui le premier partenaire commercial du Mali. Même si la balance des échanges est très déséquilibrée puisque le Mali importe beaucoup plus de Chine qu’il n’exporte vers elle. Avec la production du lithium, ce déséquilibre pourrait être nettement réduit, car une partie importante des exportations de lithium malien sera destinée au marché chinois, où la demande en batteries est en forte croissance.
Cela offre une occasion concrète pour la Chine de démontrer la réalité de sa politique de coopération « gagnant-gagnant» avec l’Afrique. En soutenant non seulement l’extraction, mais aussi la transformation locale du lithium, la Chine peut aider le Mali à franchir une étape décisive dans son industrialisation.
Un laboratoire de la coopération équilibrée fondée sur la valeur ajoutée, le transfert de savoir-faire industriel…
Cette coopération pourrait se traduire par le transfert de technologies pour la fabrication locale de produits dérivés du lithium ; la formation de techniciens et d’ingénieurs maliens dans les métiers miniers et chimiques ; la création de coentreprises industrielles sino-maliennes dans les secteurs des batteries, de la chimie énergétique et des équipements électriques ; la participation d’entreprises chinoises à la construction d’infrastructures industrielles (zones économiques, routes, énergie) qui serviront aussi à d’autres secteurs du pays.
Ainsi, cette filière peut devenir un laboratoire de la coopération équilibrée Mali-Chine, fondée sur la valeur ajoutée partagée, la création d’emplois au Mali et le transfert de savoir-faire industriel.
L’exploitation du lithium générera plusieurs types de recettes pour l’État. D’abord, les redevances minières, qui représentent environ 10 % du chiffre d’affaires, pourraient rapporter à elles seules près de 60 millions de dollars par an. Ensuite, le Mali, à travers sa participation directe et celle des investisseurs nationaux, détient jusqu’à 35 % du capital de ces sociétés. Cette part donnera droit à des dividendes, c’est-à-dire une portion des bénéfices distribués chaque année.

Au Mali, l’exploitation des mines de lithium suscite beaucoup d’espoir au niveau des communautés environnantes en termes de développement à la base
À cela s’ajoutent les impôts sur les sociétés, les taxes diverses et les contributions versées dans les fonds miniers créés pour financer les collectivités locales, les infrastructures, l’énergie et l’eau. L’ensemble de ces revenus donnera un souffle nouveau au budget national et renforcera les capacités d’investissement public, notamment dans les domaines prioritaires que sont l’éducation, la santé et l’énergie.
La phase actuelle des deux projets a déjà créé plus de 1 300 emplois directs et indirects, et ces chiffres devraient encore augmenter lors des prochaines phases d’expansion. L’effet d’entraînement est également significatif pour les entreprises locales : transporteurs, sociétés de sécurité, prestataires de restauration, services de maintenance ou de logistique.
C’est tout le sens du contenu local, un dispositif qui oblige les sociétés minières à recruter, former et sous-traiter localement chaque fois que cela est possible. Ce mécanisme favorisera la montée en compétence des jeunes Maliens dans des métiers techniques modernes et contribuera à la création d’un tissu industriel national.
Le lithium devient désormais un pilier de la diversification économique du Mali. À côté de l’or et du coton, il offre une nouvelle source de devises, de revenus budgétaires.
Harouna Niang
Ancien ministre
P.S : La titraille est de la Rédaction
diasporaction.fr

