La situation actuelle des migrants maliens, selon des observateurs, rappelle les années de braise pour ceux qui tentaient de rejoindre l’eldorado espagnol en 2006. Dans plusieurs pays maghrébins, les migrants subsahariens, dont beaucoup de Maliens, sont refoulés.
L’Algérie a ainsi récemment procédé à des expulsions de nombreux Noirs de son territoire. Ces expulsions ont visé en majorité des Maliens et des Nigériens. «Pour des raisons encore moins comprises, Alger ne veut plus de ces migrants dont la majeure partie veut aller en Europe», nous a expliqué un cadre du ministère des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine. Ce département est souvent confronté à des difficultés relatives aux rapatriements des migrants maliens dans certains pays.
Selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), le Mali est le premier pays en termes d’assistance et de rapatriement de ses ressortissants en situation de détresse à travers le monde. Du 1er janvier au 11 avril 2024, le gouvernement, en collaboration avec ses partenaires, a assisté et rapatrié 3209 Maliens de retour. Cependant, en dépit des résultats notoires enregistrés, des difficultés sont constatées au cours de certains rapatriements. A cet effet, le gouvernement a entrepris des actions diplomatiques de haut niveau auprès des pays de transit en vue d’une meilleure coordination des rapatriements sécurisés de nos compatriotes migrants de retour.
Les autorités maliennes ont eu déjà à rapatrier des Maliens en provenance de la Tunisie, un autre pays maghrébin où des violences ont fait des victimes parmi les migrants subsahariens contraints à abandonner tout sur place. Cette situation rappelle les années 2006 où des migrants ont été expulsés d’Algérie et du Maroc. Beaucoup avaient été reconduits à la frontière entre le Mali et la Mauritanie. Des milliers de migrants installés sur les côtes maghrébines avaient fait irruption sur les barbelés pour se rendre de force en Espagne. «Les plus chanceux ont pu atteindre leur objectif, mais la plupart sont revenus traumatisés de la mésaventure survenue en Méditerranée. Cette année, les migrants refoulés empruntent encore la route mauritanienne», a rappelé M. Touré du ministère des Maliens établis à l’extérieur et de l’Intégration africaine.
MB