Du Gaullisme au ralliement aux thèses Mitterrandistes à la Baule en 1990, les dirigeants africains (dans leur majorité) ont fait preuve d’inconsistance patriotique en réunissant les conditions d’acceptabilité par les puissances impérialistes, à savoir être soumis et corrompus. Tous ceux qui ont refusé de danser au son de cette musique ont été assassinés ou renversés. Les organisations continentales et régionales (OUA/UA, CEDEAO et autres) ont été récupérées et soumises aux intérêts de l’impérialisme transatlantique.
Ainsi, les responsables de l’Union africaine (UA) et de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) vont prendre des instructions à Paris. La CEDEAO a signé des accords avec l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN). Pire, les intellectuels qui cherchent ou qui sont au pouvoir pensent que nous ne pouvons-nous développer sans l’Occident prédateur. Ces intellectuels qui pensent dans les paradigmes néo-coloniaux, le président Nkrumah les qualifiait «d’ânes chargés de bouquins». Inconscience et inconsistance patriotiques générées par l’aliénation culturelle, politique et économique ! Voilà le mal dégénérescent qui empêche l’Afrique de retrouver son identité, de revenir à ses valeurs ; une décision qui ne sera pas un retour en arrière en y apportant de nouvelles valeurs ajoutées.

Diatrou Diakité, Consultant indépendant
Des partis et des fronts créés pour lutter contre le colonialisme se sont effondrés sous les coups de boutoir des forces impérialistes et des affidés locaux. Le courant panafricanistes s’est émietté et a perdu le pouvoir au niveau des États et des organisations africaines. Les forces de gauche ont été noyées et évincées du processus de décision partout en Afrique ; ce qui nous renvoie à l’éternelle question révolutionnaire : qui dirige le processus ? Mais diriger le processus est un moyen et non la condition sans laquelle les moyens ne sont pas opérationnels, à savoir la capacité d’organisation, d’éducation et de mobilisation du peuple sur le projet révolutionnaire.
Si nous faisons un état des lieux de la gouvernance de nos États en ce 21ᵉ siècle, cela met en évidence de grands maux comme l’absence d’une coordination des forces de gauche ou celle (absence) de supports d’éditions et de diffusion des idées révolutionnaires, en dur et numérique (maison d’éditions, Radios FM, TV, journal en ligne…) ; le manque de structures d’animation d’équipes de recherches stratégiques, l’isolement après l’effondrement de l’URSS et l’alignement général de la classe politique africaine sur la singerie démocratique de l’après-Baule (16e du genre, le sommet franco-africain de La Baule a marqué un tournant dans l’histoire des relations de la France avec le continent, et particulièrement avec ses nombreuses anciennes colonies. Dans son «fameux discours» prononcé le 20 juin 1990, François Mitterrand a martelé que la France n’accordera son aide notamment financière qu’à ceux des Etats africains qui franchiraient avec courage le pas du multipartisme, sachant que la quasi-totalité des pays africains fonctionnaient à cette époque sur la base du système de parti unique).

Les antagonismes idéologiques entre ses pères-fondateurs ont fait de l’OUA un outil de coopération et non d’intégration des États africains
Des acquis, même maigres apparaissent néanmoins. Ainsi, le Mouvement révolutionnaire panafricain s’est affaibli, mais il n’est pas mort. Et la naissance du courant souverainiste au niveau des Forces de défense et de sécurité (FDS), qui a donné naissance à l’Alliance des Etats du Sahel le 16 septembre 2O23 et à la confédération des Etats du Sahel le 6 juillet 2024, est sans doute une avancée notoire.
Pour tous ceux qui ont conscience des enjeux et défis de la libération de l’Afrique des serres de l’impérialisme Transatlantique, et de rupture du cercle vicieux du sous-développement, l’AES nous met dans l’ardente obligation d’interroger en toute intimité notre conscience afin d’apporter notre valeur ajoutée à ce soubassement du bouquet synergique des Etats-Unis d’Afrique déconnectés, seul cadre et outil viable de la renaissance africaine en ce 21e siècle.
Penser et agir en fonction de la révolution africaine
Par révolution, nous entendons la transformation profonde des structures politiques, culturelles et économiques de la société. Cela ne préjuge pas des méthodes ou des situations qui seront à la source d’une telle transformation. Il faut constituer le bouquet synergique des États-Unis d’Afrique à travers la consolidation, l’extension et le développement exponentiel de l’AES sur des valeurs et des comportements comme la résistance aux puissances d’argent ; la démonstration de notre capacité d’organisation, d’éducation et de mobilisation des peuples sur le Projet Alternatif Africain ; la conception et la réalisation, de façon grandiose à hauteur des enjeux et défis de rupture, des liens tributaires aux 5 monopoles néolibéraux de domination du monde ; la mise en évidence de notre capacité à réunir les moyens et les conditions d’un développement exponentiel de rupture des liens tributaires aux 5 monopoles néolibéraux cités ci-dessus. Il est aussi souhaitable qu’un écosystème de formation continue de capital soit conçu et mis en œuvre pour se passer d’aide.
Les outils de cette transformation profonde des structures politiques, culturelles et économiques de la société peuvent être la Convergence panafricaine des peuples d’Afrique (CPP-Afrique, parti de type nouveau) ; l’Africaine de culture, d’édition et de communication comme arme de lutte contre le terrorisme médiatique impérialiste ; l’Africaine de technique d’intelligence stratégique (ATIS) comme centre de recherches stratégiques sur la Renaissance africaine au 21e siècle.
Soutien efficient et efficace au courant souverainiste incarné par l’AES
L’homme est un produit de son environnement. Ainsi, les jeunes dirigeants militaires de l’AES sont issus des contradictions qui opposent les peuples africains à l’impérialisme transatlantique. Si nous n’appréhendons pas le caractère antagonique de cette contradiction, nous ne pouvons pas saisir la complexité, la hauteur et la justesse des objectifs de l’AES. Au front, ces jeunes officiers ont vécu l’esprit tordu et les manœuvres déloyales des forces impérialistes et des affidés. Ils ont pris conscience des réalités néocoloniales à travers les contacts avec les pouvoirs impérialistes. Ils ont été rejetés, dès le départ, parce que l’impérialisme savait qu’ils savaient les réalités. Et ils ont confirmé cela en refusant de se soumettre aux diktats néocoloniaux.
Les dirigeants de l’AES n’ont pas seulement refusé de se soumettre, ils ont pu réunir les moyens et les conditions d’assumer leurs missions régaliennes au profit de leurs peuples. L’impérialisme, de la Rome antique à Washington, n’a jamais toléré l’insoumission. Il n’a toléré que des puissances complémentaires, mais jamais de puissances concurrentes.
Les forces révolutionnaires feront une erreur fatale en ne soutenant pas la dynamique du bouquet synergique des États-Unis d’Afrique qu’est l’AES, face aux organisations néocoloniales fantoches (CEDEAO-UA) et à la chasse en meute impérialiste. L’impérialisme, en tant que contradiction externe, ne peut intervenir qu’à travers les contradictions internes que les organisations africaines et les divers affidés locaux constituent la 5ᵉ colonne. Malheur à nous si nous sous-estimons les contradictions internes. Le Che (Ernesto Che Guevara) disait de réserver 9 balles sur 10 aux ennemis intérieurs et la 10ᵉ balle à l’ennemi extérieur.

Les dirigeants de l’Alliance des Etats du Sahel sont déterminés à faire de la souveraineté une réalité par l’intégration
Pour la consolidation, l’extension et le développement exponentiel de l’AES, il faut aussi récupérer tous les courants souverainistes n’ayant pas mis le réarmement idéologique, politique et économique du peuple au cœur de leur gouvernance respective. Le courant révolutionnaire doit œuvrer sans répit à la montée en puissance de toutes les forces patriotiques contre le retour des idéologies et des pratiques néfastes du passé. Une telle pratique ne peut réussir que dans le cadre d’un creuset d’organisation, d’éducation et de mobilisation du peuple, autrement, le Parti de type nouveau (PTN). Ce travail est méticuleux et de longue haleine, donc ne peut et ne doit être improvisé. Pour sa concrétisation, il faut réunir toutes les conditions et les communicateurs de l’ère numérique. Il faut aussi un écosystème de recherches stratégiques sur la Renaissance africaine, porté par des chercheurs dans tous les domaines du savoir !
Bamako, le 19 avril 2025
Diatrou Diakité
Consultant indépendant