ÉDITO : Sankara, en avance sur les fondateurs de l’AES !

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15 octobre 1997-15 octobre 2025 ! Nous avons célébré cette année le 38ᵉ anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara par son « intime » ami (???) et compagnon d’armes : Blaise Compaoré, aujourd’hui en exil en Côte d’Ivoire, dont le président de l’époque (Feu Félix Houphouët Boigny) était son parrain politique. Trente-huit ans après sa disparition à 38 ans  (né le 12 décembre 1949 à Yako), l’espoir renaît aujourd’hui avec la Confédération Alliance des États du Sahel (AES) dont les dirigeants, comme Sankara, se battent pour redonner au peuple sahélien sa dignité par la reconquête de la souveraineté nationale. Le combat d’émancipation de Sankara et la reconquête de la souveraineté nationale, qui est l’un des principaux enjeux de la création de l’AES, se rejoignent à bien des égards.

Moussa Bolly, Chroniqueur

Les valeurs fondatrices du « Sankarisme » incluent la lutte anti-impérialiste et néocoloniale, la démocratie participative, l’émancipation des femmes, la protection de l’environnement et le panafricanisme. Il se caractérise par « un ancrage dans la réalité locale, visant le développement par l’autosuffisance, l’éducation, la santé et la promotion des produits locaux ». Tout comme le Capitaine Ibrahim Traoré, les Généraux Assimi Goïta et Abdourahamane Tiani, « Thom Sank » s’est battu pour émanciper la Haute-Volta (rebaptisée Burkina Faso ou Pays des Hommes intègres) de l’influence étrangère en devenant économiquement autonome. Un combat qui s’inscrivait dans la renaissance du panafricanisme prônant la solidarité entre les nations du « Tiers-monde ».

Pour mieux asseoir sa Révolution, Sankara a mis en œuvre une politique économique pragmatique visant à atteindre l’autosuffisance économique, la promotion des produits locaux et la lutte contre la corruption. Il avait aussi mis l’accent sur l’amélioration de l’éducation, de la santé et du logement pour tous les citoyens en engageant une lutte concrète contre le chômage. Idéologiquement, Sankara était un panafricaniste et anti-impérialiste qui cherchait à revendiquer l’identité africaine de sa nation et s’opposait au néocolonialisme. Son célèbre « Discours d’orientation politique » (DOP) du 2 octobre 1983 a précisé les lignes et les principes fondamentaux et idéologiques de cette révolution.

Le Capitaine Thomas Sankara a réveillé la jeunesse africaine et a incarné son rêve de changement

Comme tout vrai révolutionnaire, Thomas Sankara était naturellement en avance sur son époque. Et ils sont nombreux à réellement découvrir aujourd’hui la pertinence de ses combats. La création de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel (AES) en est la parfaite illustration. Certes, il est difficile de transposer strictement la situation des années 1980 à celle d’aujourd’hui. Surtout que la Confédération AES (créée le 6 juillet 2024 à Niamey par le Mali, le Burkina Faso et le Niger) se veut avant tout « un pacte de défense mutuelle ». Basée sur la « Charte du Liptako-Gourma », cette confédération vise à établir une architecture de défense collective. N’empêche qu’elle a été élargie à des domaines comme l’économie, la finance, l’éducation et la santé. 

Mais les valeurs de l’AES incluent la souveraineté, la solidarité, l’amitié et la coopération… Tout comme Sankara, ses fondateurs accordent une importance particulière à l’amélioration des conditions de vie des populations par des projets de développement et une gouvernance plus efficace et plus transparente. Ils sont déterminés à renforcer l’indépendance politique et la coopération entre ses membres afin de peser lourd sur le plan géopolitique. La redéfinition des relations internationales est d’ailleurs l’un des principes fondateurs de l’AES qui « cherche à diversifier ses partenariats et à s’émanciper de l’influence d’anciennes puissances coloniales, en s’ouvrant à de nouveaux partenaires »

Les dirigeants actuels de l’AES sont déterminés à parachever le « Sankarisme » au grand bonheur des peuples du Sahel. À l’image du Capitaine Ibrahim Traoré qui est comparé à Thomas Sankara car revendiquant son « héritage révolutionnaire ». Ce jeune leader se positionne comme le successeur de Sankara en s’appropriant ses idéaux de dignité, de souveraineté et de lutte contre l’impérialisme.

Les dirigeants de la Confédération Alliance des Etats du Sahel ont repris le flambeau de la renaissance panafricaine allumé par le regretté Thomas Sankara assassiné le 15 octobre 1987

À l’occasion de la commémoration du 38ᵉ anniversaire de l’assassinat de son jeune idole, « IB » a insisté sur « la continuité du combat engagé par son illustre prédécesseur », rappelant que « les idéaux de transformation et de courage que Sankara incarnait demeurent vivants ». Selon lui, « la construction d’un Burkina Faso nouveau repose sur la même exigence de dignité, de travail et d’émancipation qui animait le leader de la Révolution des années 1980 ». D’où sans doute sa détermination à « maintenir allumé le flambeau de la Renaissance burkinabè ».

Autrement, il compte transformer son pays en s’appuyant sur la vision et la rigueur du Sankarisme. Le 15 octobre 1987, l’assassinat de Thomas Sankara avait laissé « une blessure profonde dans la mémoire collective » au Burkina Faso et en Afrique. Mais, aujourd’hui, son héritage politique est devenu le cheval de bataille d’une nouvelle génération de dirigeants africains déterminés s’émanciper de l’impérialisme et du néocolonialisme pour réellement et courageusement prendre leur destin en main !

Moussa Bolly

diasporaction.fr

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