Le mouvement panafricain a acquis une plus grande reconnaissance publique grâce à la session déterminante d’octobre 1945, lorsque des personnes d’origine africaine du continent et de la diaspora sont venus de tous les coins du monde pour participer au 5ᵉ Congrès panafricain qui s’est tenu à Manchester, au Royaume-Uni.
Organisé par Kwame Nkrumah et George Padmore, le 5ᵉ Congrès panafricain est considéré comme le plus important de tous sur le plan politique. Tenu à Manchester du 15 au 20 octobre 1945 (juste après la fin de la Seconde Guerre mondiale), il a réuni 87 délégués représentant 50 organisations. Ceux-ci ont débattu des questions relatives au «problème de la couleur en Grande-Bretagne», à «l’oppression en Afrique du Sud» et aux «problèmes dans les Caraïbes». Bien que rarement commémoré aujourd’hui, il a également marqué «le début de la fin de la domination coloniale européenne en Afrique et dans les Caraïbes». Cet événement historique s’est inscrit dans un contexte dans lequel la guerre contre «le fascisme avait délégitimé à tout jamais le colonialisme». Et il fait suite à la création, en cette même ville, de la Fédération panafricaine en 1944. Ce fut le dernier congrès à se réunir hors du continent africain. En effet, dès juin 1974, la Tanzanie a accueilli le sixième congrès à Dar es Salam.

William Edward Burghardt Du Bois, figure emblématique du Panafricanisme
Parmi les assistants, certains des leaders noirs les plus influents mèneront des campagnes d’indépendance dans leur propre pays. Selon un rapport paru dans «The Black Scholar» (1974), «1945 marqua le début d’une seconde période de développement de la pensée panafricaine», lorsque le mouvement «prit un ton politique plus militant et commença à exiger l’indépendance formelle des colonies africaines». Cet événement a été l’aboutissement de nombreuses tentatives qui avaient été faites pour établir une action collective afin de réaliser le désir de l’Afrique et des peuples d’origine africaine d’obtenir la liberté, la justice et la reconnaissance de leurs droits violés par les structures impérialistes, le colonialisme, l’apartheid et d’autres systèmes d’injustice et d’inégalité raciale.
Le 5ᵉ Congrès panafricain a réuni de futurs présidents africains, dont Kwame Nkrumah du Ghana, Jomo Kenyatta du Kenya, Hastings Banda du Malawi et Nnamdi Azikiwe du Nigeria. Sa déclaration finale exhortait «les peuples coloniaux et soumis du monde à s’unir et à affirmer leurs droits pour rejeter ceux qui cherchent à contrôler leur destin». Les participants ont notamment encouragé les Africains colonisés à élire leurs propres gouvernements comme s’ils disposaient du pouvoir politique pour obtenir une émancipation sociale, économique et politique complète.
A noter que Congrès panafricain est le titre d’une série de congrès qui se sont tenus à partir de 1919, faisant suite à la première conférence panafricaine de 1900. Ils sont destinés à l’origine à traiter les problèmes auxquels l’Afrique est confrontée du fait de la colonisation européenne. Les Congrès panafricains militent d’abord pour la décolonisation en Afrique et aux Antilles, une revendication fondamentale étant de mettre fin au régime colonial et à la discrimination raciale et d’exiger le respect des droits de l’homme et l’égalité des chances économiques. Les manifestes présentés par les Congrès panafricains comprennent des revendications politiques et économiques.

Au fil du temps et des générations, le panafricanisme s’est manifesté dans différents domaines porté par des figures emblématiques Mohamed Ali, Thomas Sankara, Bob Marley, Cheick Anta Diop, Nelson Mandela…
Le premier congrès panafricain avait été organisé à Paris (France) en février 2019 par Williams E.B. Dubois (William Edward Burghardt Du Bois) et Ida Gibbs Hunt, femme du consul américain William Henry Hunt. Il avait réuni 57 délégués représentant quinze pays. Parmi les délégués, on comptait des «figures connues» de l’époque telles que Blaise Diagne (député du Sénégal, qui avait intercédé auprès de Georges Clemenceau pour faire autoriser le congrès), Gratien Candace et Charles D.B. King (ce dernier a aussi assisté à la conférence des Alliés en tant que président de la République du Liberia). Considéré comme le plus important, le congrès de 1945 marque les débuts du panafricanisme militant.
Encore aujourd’hui, le panafricanisme s’exprime en Afrique comme dans les anciennes puissances coloniales dans les domaines politique, économique, littéraire ou encore culturel. La plus large organisation panafricaine aujourd’hui est l’Union africaine.
Moussa Bolly