FATOUMATA KÉBÉ, ASTROPHYSICIENNE :Gardienne de l’espace et passeuse de savoir

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Astrophysicienne franco-malienne spécialisée dans l’étude des débris spatiaux, Fatoumata Kébé œuvre à rendre la science, particulièrement l’astronomie, accessible à tous. Attirée, captivée par la lune depuis sa tendre enfance, elle réalise aujourd’hui des projets artistiques tout en célébrant cet astre qu’elle rêve, un jour, de fouler du pied. Un rêve qu’elle a sans doute partagé avec les autorités maliennes lors de son récent séjour au Mali.

Fatoumata Kébé, la jeune astrophysicienne qui fait la fierté du Mali et de l’Afrique

Aller sur la lune ! Tel est le plus grand rêve de Fatoumata Kébé, « l’Étoile montante de l’astronomie ». Et, « je me prépare. Je connais les qualifications demandées par les grandes agences spatiales », souligne l’astrophysicienne. Elle poursuit, « je suis un programme sportif et je révise mes langues : le français, l’anglais, l’espagnol, le japonais et le soninké. Aujourd’hui, il est possible de partir dans l’espace en n’étant pas un astronaute d’État, avec une entreprise privée. La Lune, c’est trois jours de voyage : ça va » ! Les avantages de l’astrophysique constituent aussi une motivation supplémentaire. « L’exploration spatiale permet de répondre scientifiquement à des questions philosophiques telles que : pourquoi sommes-nous sur Terre, pourquoi y a-t-il de la vie sur notre planète et pas sur d’autres ? », a-t-elle souligné dans une interview.

Tout a commencé en 1993 quand, à l’âge de huit ans, quand elle découvre l’encyclopédie astronomique de son père. Elle s’arrête sur les volumes consacrés à l’astronomie et à l’astrophysique. « Un jour, j’aurais un métier en lien avec les planètes et les étoiles », s’était-elle promise. Spécialisée dans l’étude des débris spatiaux, Fatoumata est née le 26 juin 1985 à Montreuil (Seine-Saint-Denis) de parents (un cariste et une femme de ménage) originaires de la région de Kayes, au Mali. Elle a passé son baccalauréat scientifique à Noisy-le-Sec.

Après une licence en ingénierie mécanique à l’université Pierre et Marie Curie, elle obtient un master en mécanique des fluides dans la même université, avec une dernière année passée à étudier l’ingénierie spatiale à l’université de Tokyo, au Japon. Par la suite, elle a préparé un doctorat en astronomie à l’Institut de mécanique céleste et de calcul des éphémérides. Elle a soutenu en décembre 2016 sa thèse sur les trajectoires de débris spatiaux.

Même avec le regard tourné vers le ciel pour contempler la lune, Fatoumata n’oublie pas pour autant les réalités terrestres, notamment les inégalités. Cette inégalité qu’elle a vécue dans sa chair, sans se laisser abattre. C’était le jour où son professeur de maths a refusé de remplir son dossier de classe préparatoire. « Il m’a dit que le bac, c’était déjà un cadeau et qu’il était hors de question que je fasse des études. Je l’ai vécu comme une profonde injustice. Je n’ai compris qu’après que c’était raciste », se rappelle-t-elle sans rancune !

Par la suite, elle s’engage naturellement contre « les inégalités d’accès à la science à l’échelle du globe » comme est membre active de l’Union astronomique internationale (UAI). Il s’agit d’une association non gouvernementale regroupant des astronomes professionnels titulaires d’un doctorat. C’est au sein de la division dédiée à l’éducation, à la médiation et au patrimoine que Fatoumata contribue à l’organisation de conférences en ligne à destination de publics professionnels en manque de ressources dans cette discipline. Sont concernés les pays où l’astronomie n’est pas encore ancrée ou très peu (Afrique, Amérique du Sud, Asie ainsi que certains pays européens).

Briser le plafond de glace qui prive tôt les filles  des activités scientifiques

Étoile montante de l’astronomie, l’astrophysicienne Fatoumata Kébé était l’un des visages de l’exposition « Femmes de l’espace » présentée au Musée des arts et métiers à Paris dès 2015. À son actif, l’association « Éphémérides » qui organise des ateliers d’astronomie en Seine-Saint-Denis et au Mali. Toutefois, les inégalités d’accès à la science ne se jouent pas uniquement à l’échelle des continents. « Quand j’étais enfant, je n’ai pas eu accès à l’astronomie à cause de l’endroit où je vivais. J’ai donc souhaité, en créant l’association Éphémérides, mettre à disposition de tous ces jeunes la possibilité d’avoir des activités liées à l’espace. C’est aussi le moyen de démonter toutes ces fake news (fausses informations) qui circulent sur la Toile. Et, enfin, c’est œuvrer contre ce sentiment d’exclusion que ressent le grand public qui perçoit l’astronomie comme un domaine inaccessible. Alors que nous sommes tous concernés. Ne sommes-nous pas tous issus de poussières d’étoiles ? », s’interroge-t-elle.

Fatoumata Kébé, la jeune astrophysicienne avec le Ministre de l’Enseignement supérieur lors de son séjour au Mali

« Nous intervenons aussi dans les écoles pour essayer de briser ce plafond de verre qui exclut très tôt les petites filles des activités scientifiques que l’on réserve plutôt aux garçons… Quand les filles exercent un métier scientifique, elles vont avoir un lien avec la notion de prendre soin de l’autre… ». Cet engagement lui a valu d’être citée en 2018 par « Vanity Fair » parmi les « Françaises les plus influentes du monde » et d’être élevée en 2021 Chevalier de l’ordre national du Mérite.

En 2014, Fatoumata a été lauréate du prix des jeunes innovateurs de l’Union internationale des télécommunications à travers une initiative qui a pour vocation d’aider le secteur agricole à optimiser la surveillance des ressources en eau et l’irrigation. « J’ai lancé mon entreprise de consulting pour accompagner de jeunes agences spatiales africaines dans leur développement et la structuration de leurs activités, ainsi que sur les sujets de formation des jeunes à ces métiers », confiait-elle récemment à la presse à propos de « Connected Eco », porté sur les fonts baptismaux en 2018 par la dynamique scientifique.

La couverture du livre de Fatoumata Kébé, Au-delà du Ciel

La très passionnée Dr Fatoumata Kébé se distingue aussi par son engagement en faveur de l’astrophysique écologique. Elle alerte ainsi sur la pollution de l’espace engendrée par les débris des missions spatiales depuis les années 1950, mettant en lumière les risques qu’ils représentent pour la terre. Parallèlement, elle promeut l’inclusion des femmes et des défavorisés. En effet, la dynamique jeune astrophysicienne est activement engagée  dans la promotion des carrières féminines en astronomie, en participant notamment à des expositions et en dirigeant l’association « Éphémérides », qui organise des ateliers d’astronomie dans les quartiers défavorisés. Cette Nyeleni des sciences est également membre de deux associations, dont « Femmes et Sciences » ainsi que « Women in Aerospace », dédiées à l’implication des femmes dans les sciences de l’espace.

Auteure, l’astrophysicienne explique dans son livre, « Au-delà du ciel », notre univers et ses mystères de manière simple en s’appuyant sur 57 clichés pris par des télescopes dernière génération. Elle rend ainsi accessible des concepts que « notre cerveau a souvent bien du mal à appréhender ». La quarantaine sonnante, Fatoumata Kébé symbolise aujourd’hui l’avenir de l’astrophysique. En effet, selon de nombreux observateurs, elle « incarne une science à visage humain » car possédant « un fort talent de communicante vers le grand public. Calme, très intelligente, elle explique bien. Elle fait beaucoup de bien à la jeunesse ».

Moussa Bolly

SCIENCES

FATOUMATA KEBE, ASTROPHYSICIENNE

Une ferme détermination à contribuer au développement des sciences au Mali

Spécialiste reconnue de l’étude des débris spatiaux et figure de référence dans le domaine scientifique international, Dr Fatoumata Kébé a été reçue en audience le jeudi 2 octobre 2025 par le ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Avec Pr. Bouréma Kansaye, l’astrophysicienne maliano-française a échangé sur, entre autres, la place du Mali dans les sciences spatiales et le rôle que peuvent jouer ses talents dans le rayonnement du pays à l’échelle mondiale.

Le ministre Kansaye n’a pas manqué de saluer le parcours exemplaire de Dr Kébé et de l’encourager à poursuivre son engagement en faveur de la valorisation des compétences maliennes. Il a aussi réaffirmé la volonté du Mali de s’inscrire durablement dans le développement des sciences et des technologies spatiales, notamment à travers la formation de jeunes talents maliens dans le domaine. Au cours de l’audience, Dr Fatoumata Kébé a remis au Pr. Bouréma Kansaye un exemplaire de son dernier et 3e ouvrage, « Au-delà du ciel-Comprendre l’univers grâce aux dernières images des télescopes » (éditions Groupe Margot, 2024) !

Fatoumata Kébé, la jeune astrophysicienne a été reçue en audience par le Ministre de l’Enseignement supérieur lors de son séjour au Mali

Selon des critiques, cet ouvrage de 212 pages est « un voyage pour toutes les générations, des astronautes en herbe aux plus grands passionnés des étoiles… Un voyage au cœur de l’Univers… ». En effet, « avec un talent rare de conteuse », l’astrophysicienne Fatoumata Kébé amène son lectorat à « la découverte du ciel, jusqu’aux frontières de l’infini ». Une œuvre agrémentée d’informations précieuses et atypiques, d’anecdotes et une soixantaine d’images sur les étoiles, les trous noirs, les supernovae et l’observation du cosmos…

Le don au ministre est « un geste symbolique » qui illustre à la fois son attachement à son pays d’origine et son engagement à contribuer au développement des sciences au Mali.

M.B

diasporaction.fr

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