LE MALI ENCORE RECALÉ DANS LES ÉLIMINATOIRES DE LA COUPE DU MONDE :Les mêmes erreurs conduisent toujours à la même désillusion

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Les éliminatoires de la Coupe du monde se suivent et se ressemblent pour le Mali, toujours bloqué au quai. Une fois encore, les Aigles vont être des téléspectateurs de la phase finale de la Coupe du monde qui se déroulera en 2026 aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Et pourtant, placé dans le groupe I de la zone Afrique avec le Ghana, Madagascar, les Comores, la République centrafricaine et le Tchad, ils étaient nombreux à miser sur le Mali pour au moins terminer parmi les meilleurs deuxièmes en sursis. Hélas, avec 25 points, le Ghana a terminé à la tête de ce peloton devant Madagascar (19 points), le Mali (18 points), les Comores (15 points), la RCA (8 points) et le Tchad (1 point). Une fois de plus, le rêve de disputer une phase finale de Coupe du monde senior a tourné au mirage, voire à la désillusion pour le public sportif malien.

Les Aigles du Mali sont encore passés à côté de la qualification à la Coupe du monde 2026

« Le Mali est officiellement éliminé ! Nous ne verrons pas la Coupe du monde 2026… Il faudra encore attendre 2030 » ! Tel est le cri de désespoir d’un supporter des Aigles du Mali qui, malgré qu’ils aient terminé leurs deux dernières rencontres en fanfare (2-0 contre le Tchad à N’Djamena et 4-1 contre Madagascar au stade du 26 Mars de Yirimadio), ne finissent que 3ᵉˢ de ce groupe I. Qu’est-ce qui n’a pas marché pour notre pays qui était l’un des favoris du groupe au moment du tirage au sort ? Il n’y a pas eu de miracle. D’ailleurs, nous avons encore les rares dirigeants qui croient en cela au lieu de planifier nos ambitions autour d’une vision claire. À l’analyse, on retombe sur les mêmes problèmes d’organisation, de tensions inutiles au moment où on a le plus besoin d’union et de cohésion…

Seydou Doumbia, l’une des nouvelles pépites du football malien

Pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026, le Mali a péché dans les matches les plus importants, notamment cette défaite à domicile (1-2) lors de la 3ᵉ journée contre le Ghana le 6 juin 2024 et ce nul (1-1) contre la Centrafrique à Bamako lors de la seconde journée. Des contre-performances suivies du déplacement chaotique en Afrique du Sud pour affronter Madagascar (0-0). On ne peut pas se permettre de perdre de si précieux points à domicile et espérer se qualifier par la suite. Les Aigles ont donc perdu beaucoup de plumes à l’entame de ces éliminatoires et ils l’ont payé cash au finish.

Qu’est-ce qui explique ces échecs répétitifs pour la qualification à la Coupe du monde ? Ce qu’il faut d’abord déplorer, c’est que les différents responsables de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) n’ont jamais (ou rarement) cherché à tirer les vrais enseignements des différentes campagnes de qualification.

Nous sommes toujours dans la politique de l’autruche avec les sélectionneurs comme boucs émissaires. Après chaque élimination, il faut limoger le coach et recruter une nouvelle tête en exigeant de lui de nous telle et telle compétitions et d’atteindre au moins telle phase de la compétition. L’instabilité de l’encadrement technique (qui ne bénéficiait jusqu’ici du précieux apport d’une Direction technique nationale) est l’une des causes de ces échecs. En effet, que peut-on attendre d’un coach sur le court terme alors qu’il n’est même pas sûr d’avoir 50 % du même effectif à chaque regroupement ? Malheureusement, l’État (ministère de la Jeunesse et des Sports) a toujours suivi la fédération sur cette voie qui ne peut conduire qu’à l’impasse.

Les Equipes nationales de football du Sénégal ont remporté quatre trophées continentaux (Coupe d’Afrique des nations/CAN 2022 au Cameroun, Championnat d’Afrique des nations/CHAN 2023 en Algérie, CAN beach soccer au Mozambique et CAN des moins de 20 ans en Égypte). Comme facteurs ayant contribué à cette performance, des chroniqueurs chevronnés ont mis l’accent sur « la patience » au niveau de la Fédération sénégalaise de football (FSF). Ils ont donc touché du doigt « une certaine stabilité sur les bancs des différentes Equipes nationales » des Lions de la Teranga. Autrement, les dirigeants de la FSF font confiance aux entraîneurs parce que conscients que la performance sportive se construit dans la durée.

Ainsi, Aliou Cissé a passé une dizaine d’années sur le banc des Lions. C’est en janvier 2012 que l’ancien capitaine de l’Equipe nationale de football a retrouvé la tanière. Après une carrière internationale, il avait été promu au poste d’adjoint de Karim Séga Diouf, entraîneur de l’Equipe nationale olympique, avant d’en devenir l’entraîneur principal. Il était le sélectionneur de la sélection nationale du Sénégal des moins de 20 ans lors des Jeux de la Francophonie de 2013. Le 4 mars 2015, la FSF le nomme au poste de sélectionneur de l’Equipe nationale à la place du Français Alain Giresse.

Des ambitions personnelles à sacrifier au profit d’une vision collective

Et ce n’est que sept ans plus tard (2022) que Cissé remporte la CAN en tant que sélectionneur. Et cela après avoir perdu en finale de la précédente CAN face à l’Algérie. Ce n’est que le 2 octobre 2024 qu’Aliou Cissé a été démis de ses fonctions d’entraîneur du Sénégal. Il est clair que la patience de la FSF a payé au final. Les mêmes personnes se sont occupées des destinées du football sénégalais pendant près de 12 ans. On comprend aisément pourquoi le Sénégal a dominé le foot africain en 2022.

Tom Saintfiet, le sélectionneur des Aigles du Mali va jouer son avenir à la CAN Maroc 2025

Le premier obstacle est organisationnel. Les équipes se succèdent à la Femafoot sans parvenir à l’indispensable restructuration du football malien. Ce qui ne surprend pas les observateurs car, ces dernières décennies, les acteurs de notre football consentent plus d’efforts à se crêper le chignon et non à trouver des solutions pérennes aux problèmes de notre sport-roi. Ce qui fait que nous sommes encore loin de régler le problème de la participation et de maîtriser les facteurs tournant autour de la compétition. Maîtriser ces deux facteurs permet de mieux maîtriser de la logistique ; une maîtrise sans laquelle il est aujourd’hui utopique de vouloir gagner en Afrique, celle-ci est nécessaire.

Au niveau des effectifs, il y a aussi un manque criard de continuité entre les catégories. Au Sénégal, par exemple, des joueurs qui étaient chez les moins de 20 ans se retrouvent ainsi chez les moins de 23 ans. Chez les moins de 17 ans aussi, on trouve des moins de 15 ans… Au Mali, on a d’autres préoccupations (le plus souvent personnelles ou claniques) que veiller à cela. Ce qui fait que le taux de déperdition entre les différentes catégories est énorme et préjudiciable à la stabilité de l’effectif souhaitable par exemple au niveau de la sélection nationale senior.

Que faire pour espérer voir le Mali à la Coupe du monde de 2030, dont une partie va se jouer en Afrique, au Maroc notamment ? Il faut une vision, donc un leadership incontesté pour prendre le gouvernail du navire afin de le conduire à bon port en prenant soin d’éviter les zones de turbulence. « L’excellence ne peut naître que d’une vision collective. Elle exige que nous regardions en face, que nous ayons le courage de réinventer notre manière de former, d’accompagner et de soutenir », disait la boxeuse Fatoumata Marine Camara, porte-parole des participants au premier camp d’entraînement initié dans le cadre de la « Vision Olympiade 2028 » et qui a débuté le 21 octobre 2025 au centre de Kabala.

La nouvelle couvée des Aiglonnets suscite beaucoup d’espoir comme les précédentes

Pour, une fois, les acteurs du football malien doivent accepter de s’asseoir pour discuter de l’avenir et planifier cet objectif commun qu’est la qualification à une Coupe du monde. Comment les autres y parviennent-ils ? Que font-ils de plus et de mieux que nous ? Voilà des questions dont les réponses peuvent être autant d’indicateurs pour les orienter vers les axes stratégiques de cette vision. Il est temps que tous les acteurs de notre football comprennent qu’il est temps de sacrifier les ambitions personnelles au profit d’une vision collective !

Moussa Bolly

POUR SORTIR DE L’IMPASSE

L’Algérie et le Maroc, deux exemples à suivre !

Le miracle et le hasard ont aujourd’hui très peu de place dans la performance sportive, footballistique notamment. Pour espérer réaliser son rêve de participation à une phase finale de Coupe du monde, le Mali doit prendre l’exemple sur l’Algérie et le Maroc, en plus du cas sénégalais cité dans l’un de nos articles.

Après avoir chuté de son piédestal à la CAN 2021 (disputée en 2022), l’Algérie s’est vite remise au travail et vient de se qualifier pour la Coupe du monde 2026. Après 35 matchs sans défaite, la série d’invincibilité du pays des Fennecs avait pris fin le 16 janvier 2022, après une défaite (1-0) face à la Guinée équatoriale en match de groupe de la CAN.

Cette défaite a été le point de départ d’une véritable descente aux enfers pour l’Algérie. Une période difficile pour l’Equipe nationale de football algérienne, marquée par des éliminations précoces en Coupe d’Afrique des Nations (CAN) en 2021 et 2024, ainsi que par une non-qualification pour la Coupe du monde 2022 suite à des contre-performances et un passage à vide après son parcours de 8ᵉ de finaliste du mondial 2014. En effet, après un beau parcours en 2014, la sélection d’Algérie n’avait pas réussi à passer le premier tour de la CAN 2021 et a été éliminée dès la phase de poules en 2024 après une défaite contre la Mauritanie. L’échec lors des éliminatoires de la Coupe du monde 2022 (éliminée en barrage) a accentué ce sentiment de régression.

Le Maroc a remporté au Chili la Coupe du monde U20 en battant l’Argentine 2 à 0, signant ainsi le premier sacre mondial de son histoire

Conscients qu’ils avaient tous à perdre dans cette descente aux enfers, les acteurs du foot algérien ne se sont pas perdus en conjectures. Ils ne sont pas perdus dans de vaines accusations de culpabilité. Ils ont mené une réflexion collective pour sauver leur football par un diagnostic objectif et des solutions objectives, pragmatiques. C’est par le travail et une bonne organisation qu’on peut se reprendre après avoir dévié de son objectif. Le résultat est là : l’Algérie est en train de remonter la pente ! Les Fennecs sont qualifiés non seulement pour la CAN « Maroc 2025 », mais aussi pour la Coupe du monde 2026 au Canada, aux États-Unis et au Mexique.

Il y a seize ans, le Maroc a investi 65 millions de dollars dans la construction de l’Académie Mohammed VI, une infrastructure de 30 hectares avec des terrains de football, des hôtels de luxe, des salles de sport et même des écoles. Et aujourd’hui, le pays enregistre des performances sportives à la hauteur de cet investissement. En effet, le Royaume chérifien est champion du monde des moins de 20 ans (juniors), détenteur de la Coupe d’Afrique U-23 et de la CAN U-17. Vice-champion de la Coupe d’Afrique des moins de 20 ans, il a été classé à la 3ᵉ place aux Jeux olympiques 2024 et à la 4ᵉ place à la Coupe du monde, « Qatar 2022 ».

Et récemment la cérémonie de remise des trophées aux lauréats de la « CAF Awards 2025 » (mercredi 19 novembre 2025) a tourné à une razzia marocaine avec Achraf Hakimi (Ballon d’Or), Ghizlane Chebbak (Meilleure joueuse), Yassine Bounou (Meilleur gardien), Othmane Maamma (Meilleur jeune joueur), Doha El Madani (Meilleure jeune joueuse). Excusez du peu !

Des performances bien planifiées dans le cadre d’une vision. Elles ne doivent donc rien au hasard, au miracle. Une bonne référence pour le Mali si l’on veut atteindre nos objectifs footballistiques !

M.B

diasporaction.fr

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