En dehors des secteurs sécuritaire et minier, qui ont connu quelques évolutions, la refondation annoncée de l’État malien a-t-elle véritablement pris corps ? Dès les événements d’août 2020, la « refondation » figurait parmi les priorités majeures de la Transition. Au point que de nombreuses voix avaient appelé à l’organisation d’assises nationales pour jeter les bases d’une gouvernance renouvelée, plus éthique et tournée vers le bien-être des citoyens.
Cinq ans plus tard, le constat est jugé décevant par nombre d’observateurs. L’administration publique n’a pas connu de transformation profonde : les institutions sont restées inchangées, les pratiques de gouvernance évoluent peu et les fléaux que sont la corruption, le népotisme ou les lenteurs administratives demeurent ancrés.
Pourtant, la refondation devait être l’occasion de repenser entièrement le fonctionnement de l’État et de moderniser ses services, à l’image d’expériences réussies ailleurs, comme au Rwanda. Les assises de la refondation ont bien produit des recommandations, mais celles-ci sont restées, pour l’essentiel, au stade d’orientations générales, sans impact concret sur le vécu des populations.
En dehors de quelques avancées — notamment la digitalisation partielle de certains services, la réforme du secteur de la sécurité ou certaines évolutions législatives dans le domaine de la justice — les procédures administratives restent lourdes, favorisant les dérives telles que les pots-de-vin et les pratiques illicites, particulièrement au niveau du Trésor, des Impôts ou des Domaines.
Le dispositif de lutte contre l’enrichissement illicite, quant à lui, n’a guère progressé. La déclaration de patrimoine, censée être une exigence pour de nombreux hauts cadres, n’est pas rigoureusement appliquée. Très peu de responsables s’y conforment, y compris parmi les plus hautes autorités de la Transition. Un manque de transparence qui nourrit les doutes des citoyens et affaiblit la confiance envers l’État.
Ainsi, les attentes en matière de refondation demeurent fortes, et le sentiment de déception est palpable. Les rapports des organes de contrôle continuent de révéler des cas préoccupants de mauvaise gestion, de détournements et d’indélicatesses dans plusieurs services publics.
Néanmoins, quelques progrès sont notés dans les domaines de la sécurité, de la justice et du secteur minier. Des avancées à consolider pour qu’elles produisent enfin des effets tangibles sur le quotidien des Maliens. La crise multidimensionnelle que traverse le pays depuis 2012 devrait être une opportunité pour transformer en profondeur la gouvernance publique, au-delà d’un simple renouvellement du personnel dirigeant.
L’enjeu est de repenser la vision même de la gestion de l’État. Une évaluation honnête du chemin parcouru et des réajustements courageux s’imposent pour renouer avec l’ambition initiale de la refondation. Plus cette démarche sera engagée tôt, plus elle pourra répondre aux attentes d’un peuple qui aspire à un véritable changement.
rédaction
diasporaction.fr

