L’Essor : L’ORTM figure parmi les signataires d’une lettre de protestation adressée au président de la CAF. Qu’est-ce qui a motivé cette démarche collective ?
Hassane Baba Diombélé : Depuis quelque temps, plusieurs dirigeants de médias publics francophones (ORTM, RTS, RTN, RTI, NCI…) réfléchissent à une approche commune afin d’obtenir un meilleur équilibre dans la distribution des droits TV de la Coupe d’Afrique des Nations. La CAN est l’événement sportif majeur du continent, très attendu par nos populations, d’autant plus que le Mali est qualifié pour l’édition 2025 au Maroc.
Or, les droits sont devenus extrêmement coûteux. Pour la CAN 2023 en Côte d’Ivoire, le montant demandé atteignait 1,5 milliard Fcfa pour le Mali, sans même garantir l’accès à l’intégralité des 52 matchs — seulement 33 étaient proposés aux chaînes publiques francophones. Nous estimons qu’il est injuste que les pays anglophones ou lusophones puissent disposer de la totalité des rencontres, tandis que nous sommes limités.
L’Essor : Vous dénoncez une stratégie qui favoriserait un opérateur payant au détriment des chaînes publiques. Quelles en sont les conséquences ?
Hassane Baba Diombélé : Cela limite l’accès du public aux grandes compétitions, fragilise le développement du sport et réduit la portée culturelle du football, véritable lien social en Afrique. C’est pourquoi nous avons choisi de parler d’une seule voix et d’adresser à la CAF une lettre pour dénoncer cette inégalité et défendre l’accès équitable aux matchs dans nos pays.
L’Essor : Les autorités maliennes soutiennent-elles cette démarche ?
Hassane Baba Diombélé : Oui, nous avons partagé la note avec nos autorités qui comprennent l’enjeu et soutiennent l’initiative. Les États financent déjà ces droits. Il est donc normal que nos chaînes soient traitées de manière équitable.
L’Essor : Quelles démarches de négociations avez-vous engagées avant d’envoyer cette lettre ?
Hassane Baba Diombélé : La lettre constitue la première étape officielle et elle a été cosignée par une dizaine de directeurs de médias francophones. Nous poursuivrons cette action par des réunions de coordination afin d’adopter une stratégie, d’autant que la CAN démarre en décembre et que le temps presse.
L’Essor : Avez-vous obtenu une réponse de la CAF ?
Hassane Baba Diombélé : La lettre a été transmise vendredi dernier. Nous espérons une réponse rapide. En cas de silence ou de réponse négative, nous définirons une nouvelle étape d’action collective.
L’Essor : Au-delà de la CAN, ce problème est-il récurrent ?
Hassane Baba Diombélé : Oui. Toutes les grandes compétitions sont désormais soumises à des droits payants, même l’Afrobasket. Cela rend la situation de plus en plus difficile pour les médias publics. Nous espérons que la CAF clarifiera plusieurs points dans sa réponse concernant les droits de la CAN 2025.
L’Essor : Quelle vision à long terme pour préserver la souveraineté audiovisuelle africaine sur ses compétitions majeures ?
Hassane Baba Diombélé : L’objectif est que nos chaînes publiques puissent continuer à diffuser largement les compétitions continentales, à des coûts raisonnables, afin que les Africains suivent leurs équipes nationalessans exclusion financière. Nous allons donc nous battre pour obtenir l’intégralité des matchs de la CAN Maroc 2025 à un coût supportable.
L’Essor : Un message au public malien ?
Hassane Baba Diombélé : Je veux rassurer nos concitoyens : l’État consent de lourds efforts financiers pour permettre la diffusion de la CAN 2025 sur l’ORTM. Dès que l’accord sur le nombre total de matchs sera obtenu avec la CAF, le public malien aura accès, si Dieu le veut, à l’intégralité de la compétition.
rédaction
diasporaction.fr

