YOUSSOUF MAÏGA : Un manager visionnaire qui veut faire aimer les échecs à tous les enfants

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Pour beaucoup, les échecs paraissent compliqués, réservés à une élite ou à des grands maîtres venus d’ailleurs. Mais, pour l’actuel président de
la Fédération malienne des échecs (FEMADE), ce jeu est avant tout un outil d’éducation et peut changer la vie des enfants maliens en leur apprenant à réfléchir autrement et en leur donnant des armes de la réussite. Et il rêve d’en faire un sport accessible à tous les enfants du Mali. Dans cet article, M. Youssouf Maïga revient sur son parcours, son
plan stratégique et les défis à relever pour hisser le Mali dans le concert
africain et mondial.
 
Aux yeux de Youssouf Maïga, président de la Fédération malienne des échecs
(FEMADE) depuis le 12 mars 2023, l’échiquier est une salle de classe à part
entière. Chaque partie enseigne la patience, la réflexion et le respect de
l’autre, transformant ainsi l’enfant en futur citoyen capable d’analyser avant
d’agir. Il sait de quoi il parle, car il est très passionné de cette discipline qu’il a
découverte dans les années 1986-1987, fasciné par le duel historique
entre Garry Kasparov et Anatoli Karpov.
D’abord joueur de dames, Youssouf a très vite basculé vers les échecs, au
point de représenter le Mali aux Olympiades de 1990 en Grèce. « Mon plus
beau souvenir reste l’Olympiade de 1988 au cours de laquelle j’ai joué dans la
même salle que mes deux idoles », se souvient-il avec émotion. Mais,
aujourd’hui, son rôle est ailleurs : diriger et développer une discipline qui
compte à peine 300 à 400 pratiquants dans tout le pays ! Un défi énorme,
d’autant plus que ce chiffre est bien trop faible pour espérer voir émerger
rapidement des champions.
C’est pourquoi, dès son élection le 12 mars 2023, il s’est investi dans
l’élaboration d’un Plan stratégique 2025-2029. Celui-ci repose sur
l’introduction des échecs à l’école. Il ne s’agit pas d’en faire une matière
obligatoire, mais de créer des clubs scolaires animés par des enseignants
formés, avec l’objectif d’initier vingt élèves par an dans une quinzaine d’écoles
pilotes dès 2025-2026. « Si nous arrivons à former 20 000 enfants d’ici à 2029,
nous pourrons détecter les grands champions de demain », assure le
président. Pour lui, les échecs ne sont pas qu’un sport, mais une école de
patience, de réflexion et de maîtrise de soi. « Un enfant qui apprend à jouer
développe sa capacité de concentration et de décision. Il comprend qu’il ne
peut pas toujours compter sur ses parents pour trouver une solution, il doit
réfléchir par lui-même », explique-t-il pour motiver les parents et les enfants à
opter pour les échecs.
L’urgence de traduire en actions concrètes les recommandations des
États généraux du sport

Le président insiste aussi sur les valeurs citoyennes transmises, comme le
fair-play, la discipline et le contrôle de soi. Conscient des faiblesses du Mali
dans le classement africain et mondial, Youssouf Maïga croit cependant au
changement. Il s’appuie notamment sur une coopération récente avec la
Fédération russe dirigée par un grand maître international qui a accepté
d’accompagner le Mali dans son projet d’introduire les échecs à l’école. À
noter que cette stratégie a déjà fait ses preuves en Russie. En parallèle, le
président de la Femade multiplie les initiatives pour l’inclusion. Et cela à
travers notamment l’organisation d’un championnat féminin depuis 2024…
Cet ambitieux responsable fédéral a aussi en projet d’introduire les échecs à
l’Union malienne des aveugles (UMAV) pour les jeunes non ou malvoyants.
Un formateur non-voyant a déjà été identifié. Au niveau national, il place ses
espoirs dans les recommandations des États généraux du sport, dont il était
rapporteur et qui pourraient offrir un meilleur encadrement aux disciplines.
« Les États généraux ne doivent pas rester des papiers, il faut les traduire en
actions concrètes », plaide-t-il. Comme toutes les fédérations, la FEMADE
attend beaucoup de l’État. Même si ses (État) moyens financiers sont limités,
son « accompagnement technique et institutionnel reste essentiel » pour les
organisations sportives.
Pour un développement harmonieux des échecs, Youssouf Maïga appelle à
l’unité. « Nous sommes une seule famille et nous devons avancer ensemble.
Les parents doivent encourager leurs enfants à jouer, car les échecs et l’école
sont compatibles », a-t-il souhaité. Derrière ses mots, la très forte conviction
que les échecs ne sont pas un jeu réservé à une élite, mais constituent une
école de vie capable de transformer une génération entière !
Sory Diakité

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