L’ambition de faire porter ses nobles combats par un flamboyant reggae
dancehall
Natif de la Cité des Balanzans (Ségou), Souaré Alpha Touré alias
«Souarey Store» est un chanteur de Reggae Dancehall malien. Vivant
actuellement aux USA, ce polyglotte (il chante aussi bien en français
qu’en anglais, bamanankan et en patois jamaïcain) est promis à une belle
carrière avec ce style musical très engagé. En effet, Souarey Store est un
artiste de scène qui se produit actuellement un peu partout à
travers les Etats-Unis et qui rêve naturellement de conquérir le showbiz
mondial. Zoom sur un pur produit du Reggae Dancehall.
«Je suis un passionné de la musique Reggae Dancehall» ! Ainsi se décrit
Souaré Alpha Touré alias «Souarey Store», jeune et prometteur artiste malien.
«C’est un énorme plaisir pour moi d’écrire les textes et de rentrer en studio»,
ajoute-t-il. La trentaine élégamment assumée, ce natif de la région de Ségou
au teint foncé et aux dreadlocks soigneux sait où il met les pieds dans le
showbiz, car son style est un choix délibéré lié à sa passion musicale.
Comme de nombreux jeunes de sa génération (années 90), Souarey Store a
d’abord été un grand fan de hip-hop qui a toujours une influence majeure sur
la jeunesse malienne. Fan des «rimes révolutionnaires» de KRS-One et de
Tupac, il sera finalement conquis par le Reggae Dancehall, notamment le style
raggamuffin (un mélange entre les mots ragga et ragamuffin). Il commença à
chanter dans les années 2006 sous l’influence de certaines grosses pointures
de la musique jamaïcaine telles que Capleton, Buju Banton, Dirstman, Peter
Metro, Sizzla, Cutty Ranks, Mad Cobra et d’autres légendes du monde reggae
qu’il adulait depuis sa tendre enfance.
Des artistes tels que Cutty Ranks, Bounty Killa, Buju Banton, Sizzla, Peter
Metro, Capleton… lui tournent autour. Les éléments du reggae et du
rastafarisme le fascinent tellement qu’il finit par apprendre seul à parler patois
et à appliquer certains principes de ces cultures à sa propre vie. «Le jour est
enfin venu où Souarey a développé son propre style et son propre message,
et où il a commencé à écrire et à interpréter ses propres paroles», a souligné
Shamese Mascall, critique et enseignante de l’École à charte Harriet Tubman,
dans l’article qu’il lui a consacré.
En 2008, il enregistre quelques titres, notamment Bun «Funny Man
Materialistic Girl», qui ont tous un grand succès. Désireux de se perfectionner,
surtout de donner un nouveau souffle à sa carrière, il décide d’aller s’installer
aux États-Unis. Depuis qu’il est à New York, Souarey Store a écrit plus de 30
chansons. Ainsi, au milieu des années 2000, l’artiste a commencé à travailler
dur avant que des producteurs bien inspirés ne lui arrangent des rythmes sur
mesure qu’il adapte à ses propres rimes. Il va fréquenter deux studios new-
yorkais pour enregistrer.
Même s’il n’a pas encore fait d’album, l’artiste engagé a à son actif beaucoup
de mixtapes (compilation de chansons) et de singles. Et son travail ne passe
pas inaperçu, car certains de ses titres ont depuis longtemps fait le tour du
monde, influençant les jeunes oreilles et les esprits. Sans compter ses œuvres
collectives. En effet, même si Souaré Alpha Touré apprécie sa liberté de
création et même s’il ne travaille que très rarement avec d’autres artistes, il est
quand même riche de certaines collaborations.
Des messages positifs pour soutenir de nobles combats
«J’ai eu à collaborer avec des artistes undergrounds maliens, comme j’ai moi-
même initié un projet en deux avec ces artistes qui s’appelait Dancehall
champions et qui a été édité en deux volumes», souligne le talentueux artiste.
Et il ne cesse de manifester son éternelle reconnaissance aux autres
membres de l’industrie qui l’ont aidé et lui ont donné des opportunités. En tout
cas, en attendant son premier album, son œuvre est déjà appréciée dans le
milieu de la critique musicale. «Aujourd’hui, de nouveaux sons sont créés par
de nouveaux artistes comme Souarey Store», a écrit à son sujet Shamese
Mascall. «Le jeune Souarey Store apporte des messages positifs sur l’amour,
l’ambition, l’éducation, la victoire du bien sur le mal et la nécessité de ne
jamais oublier d’où l’on vient», a-t-elle ajouté.
«L’amour, la violence, la pédophilie, le viol, la violence basée sur le genre,
l’injustice sociale… sont les thèmes abordés dans mes chansons. Dans mes
compositions, je dénonce aussi la mauvaise gouvernance, les mauvaises
pratiques favorisent la pauvreté et la dépendance de nos pays vis-à-vis de
l’extérieur». Et de marteler, «je suis un artiste engagé à travers ces thèmes
abordés dans mes chansons», reconnaît Souaré Alpha Touré. «Mon combat
est qu’il y ait la justice et l’égalité…». Il ajoute, en tantinet prêcheur, «je veux
juste que les gens sachent aussi que leurs bonnes actions ne sont pas faites
pour la satisfaction des autres, mais pour Dieu». Et de conseiller, «il y aura
toujours quelqu’un qui vous détestera ; les gens avec qui vous passez votre
temps à rire pourraient être jaloux de vous. Alors ne perdez pas de temps à
essayer de leur plaire. Faites simplement ce que vous faites».
Pour être à ce niveau, le jeune prodige de la Cité des Balanzans a dû relever
des défis et surmonter des obstacles. «Les difficultés rencontrées sont d’ordre
familial, étant donné que je suis d’une famille musulmane où faire de la
musique devient un problème. Et surtout que, quand on dit reggae dancehall,
on voit tout de suite la drogue, l’alcool alors que le reggae est la plus noble
des musiques et le rastafarisme est une spiritualité profonde», nous révèle
Souarey Store. Heureusement, se réjouit l’artiste, «avec le temps, ils ont
compris et me soutiennent». Ce qui est réconfortant avec lui, c’est l’un de ses
succès qui a réconcilié sa famille avec sa passion. En effet, lorsqu’une vidéo a
été produite pour l’une de ses compositions, «Step Up» avec Stephan Karim,
elle a immédiatement acquis une reconnaissance internationale.
Et c’est ce qui a finalement convaincu sa famille de prendre enfin le jeune
prodige au sérieux. «Comment se passe ton album et tout le reste ?»,
l’interroge sa maman lors de ses fréquents appels. «De grands projets se
profilent à l’horizon. Un grand homme fait de grands projets», lui répond
Souarey. «La deuxième difficulté est l’autoproduction, car ce n’est pas facile
d’avoir un soutien comme il le faut quand il s’agit du Reggae Dancehall»,
déplore-t-il.
Cette difficulté ne l’empêche pas de nourrir de grands projets. «J’envisage des
collaborations avec des artistes connus sur le plan international et je dois
effectuer un voyage en Jamaïque pour faire un duo avec une star
internationale du reggae et aussi avec un artiste des îles (Martinique). Je
souhaite réellement participer à la valorisation et à la promotion du reggae
dancehall», nous révèle-t-il.
Le jeune talent ne manque pas d’atouts pour atteindre cet objectif. Cela
d’autant plus que sa passion pour la musique et la noblesse des combats qu’il
mène à travers ses œuvres le poussent constamment à continuer à travailler
dur pour se faire une place au soleil, dans le showbiz mondial. Sans compter
que le rêve de Souaré Alpha Touré alias «Souarey Store» est aussi que le
monde entier l’écoute et apprenne grâce à ses propres expériences et ses
connaissances. Et cela avec messages comme ceux véhiculés par ces
récentes compositions, «Imposters» (les gens qui font semblant) et «Be
with you», une chanson d’amour !
Moussa Bolly