Venus de Guinée, des descendants du roi Sosso, Soumahoro (Soumaoro) Kanté sont venus récemment à la rencontre de leurs sœurs et frères du Mali. Dirigée par l’ancien ministre Ahmed Kanté et M. Lalamalan Kanté, l’Association des descendants de Sosso Soumahoro de Guinée (ADSK-Guinée) s’est en effet rendue dans la capitale malienne pour renforcer les liens avec son homologue. Une rencontre inédite qu’il convient de placer sans doute dans le cadre de la renaissance africaine à travers la restauration et le partage d’une mémoire historique.
Accueillie par l’Association des descendants de Soumahoro Kanté du Mali, la délégation guinéenne a participé à une série d’échanges axés sur la réhabilitation de l’héritage du roi du Sosso, une figure historique ouest-africaine «longtemps marginalisée dans les récits dominants».

Retrouvailles entre les héritiers de Soumahoro(Soumaoro) Kanté à Bamako
Les deux parties nourrissent aujourd’hui une ambition commune : fédérer les associations issues de cette lignée impériale en Afrique et dans la diaspora. Pour M. Kanté, président de l’ADSK Mali, «cette union est essentielle pour faire émerger une vision unifiée de l’histoire : regrouper les associations sous une seule entité permettrait de restaurer la mémoire du roi, souvent présenté à tort comme un tyran».
De son côté, l’ADSK-Guinée a annoncé l’organisation d’un symposium international en Guinée en 2026. Soutenu par plusieurs organisations partenaires, dont la CALADESCA, KAYA et la PADP, cet événement vise à «promouvoir une lecture plus équilibrée de l’histoire du Royaume du Sosso et à poser les fondations d’un réseau sous-régional structuré, réunissant les descendants de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest».

Les héritiers de Soumahoro (Soumaoro) Kanté s’étaient donné rendez-vous à Bamako pour tracer les voies et les moyens de revaloriser leur héritage
Cette mobilisation s’inscrit dans une démarche plus large de réappropriation de l’histoire africaine, dans une dynamique de renaissance africaine, longtemps façonnée par des récits extérieurs. Membre de l’ADSK Bamako, Ali Kanté a rappelé que le peuple Sosso n’a jamais été l’ennemi du Mandé, mais en faisait partie intégrante, tout comme les Mandingues, les Soninké, les Djalonké…
Pour les membres des deux associations, il s’agit désormais de «déconstruire les représentations coloniales» qui ont opposé artificiellement les grandes figures de l’histoire africaine. Quoi de plus normal et de plus noble que les héritiers du Roi du Sosso œuvrent à lui donner la place qui lui revient dans la mémoire collective, dépasser les enjeux identitaires… En plus de la réhabilitation, c’est aussi «un acte politique et culturel de reconstruction» !
Kader Toé